Chapitre 1 – Prologue : comment naît une icône ?
La première fois que j’ai croisé le regard d’Adut Akech, ce n’était pas en vrai, mais en vitrine — grand format, couverture de Vogue Italia. Il y avait quelque chose d’indéfinissable dans ce regard droit, ce port altier, cette peau couleur d’anthracite chauffée au soleil. Elle n’était pas seulement mannequin. Elle était le signal. En 2025, la beauté noire ne se revendique plus, elle s’impose.
De Liya Kebede à Alek Wek, de la flamboyance de Joan Smalls à l’audace de Halima Aden, un courant s’est affirmé, une génération s’est levée. Ce reportage est une traversée, une galerie, une déclaration. Il ne s’agit pas d’une liste, mais d’un manifeste. Celui des femmes noires qui ont fait de la mode un champ d’expression, de résistance et d’envol.
I. Top mannequins africaines 2025, Révélations montantes : celles qu’il faut suivre maintenant
Elles ont moins de 22 ans et déjà les regards tournés vers elles. Ces talents émergents apportent fraîcheur, identité et puissance brute. Si vous voulez dire “je l’ai vue avant tout le monde”, c’est maintenant.
Elles ouvrent Prada, ferment Dior, imposent leur image sur les campagnes mondiales. Ces mannequins femmes noires ne se contentent plus de défiler : elles dirigent, négocient, influencent. Bienvenue dans la nouvelle élite noire de la mode.
1. Adut Akech

La première fois qu’Adut Akech a foulé un podium majeur, elle ne s’est pas contentée de défiler : elle a imposé un récit. Celui d’une jeune fille née dans le tumulte d’un camp de réfugiés kényan, devenue l’un des visages les plus influents de la mode mondiale. Sa beauté, affirmée et sculpturale, tranche avec la fadeur des standards occidentaux longtemps dominants.
Son histoire commence à Kakuma, un lieu que l’industrie n’aurait jamais regardé. Réfugiée de guerre du Soudan du Sud, elle est installée en Australie dès l’adolescence. C’est là qu’elle est repérée. Dès ses premiers castings, elle attire l’œil : peau obsidienne, port impérial, démarche affirmée, regard franc. Adut ne supplie pas pour qu’on l’accepte, elle arrive comme une évidence.
En quelques saisons, elle devient la muse de Pierpaolo Piccioli chez Valentino, fait la couverture de Time Magazine, défile pour Chanel, Jean Paul Gaultier ou Versace. Elle n’est pas seulement présente : elle incarne. Son engagement va bien au-delà des podiums. En tant qu’ambassadrice du Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR), elle utilise sa notoriété pour mettre en lumière les destins oubliés de millions de déplacés.
En 2025, elle est au sommet. De la Fashion Week de Paris à celle de Lagos, son aura transcende les continents. Loin des mannequins interchangeables, elle appartient à la catégorie des icônes. Dans ses interviews, elle parle de santé mentale, de trauma, d’estime de soi, mais aussi d’élégance, de lignes, de beauté noire. Elle n’est pas seulement un visage : elle est une voix.
Commentaire : Adut ne vend pas une image, elle raconte une lutte. Et elle la gagne.
Nom complet : Adut Akech Bior
Nationalité : Sud-Soudanaise / Américaine
Date de naissance : 20 décembre 1997
Lieu de naissance : Le Caire, Égypte
Agences : IMG Models, Elite Model, DNA Models
Campagnes clés : Prada, Estée Lauder, Mugler, Valentino, Saint Laurent, Zara, Moschino, Estée Lauder
Magazines : Vogue, Dazed, Garage
Photographes : Nick Knight, Tyler Mitchell, Harley Weir, Steven Meisel, Rafael Pavarotti, Inez & Vinoodh
Défilés emblématiques : Prada, Mugler, Loewe, Balmain, Chanel Haute Couture, Jean Paul Gaultier, Givenchy, Alexander McQueen
Fashion Week 2025 : Active dans les quatre capitales, Paris, Milan, Lagos, New York, plus Lagos
Particularité : Beauté digitale, dimension afrofuturiste
Statut (2025) : Top 3 mondial, Mannequin visionnaire, pionnière du métavers
Marques : Prada, Mugler, Estée Lauder
Anecdote : Elle a été modélisée en avatar pour une collection NFT de mode africaine lancée dans le Web3 — vendue en 7 minutes. Elle a aussi refusé plusieurs couvertures où sa peau était éclaircie en postproduction — elle impose sa nuance
Commentaire : Anok Yai n’est pas le futur de la mode. Elle est la preuve que ce futur a déjà commencé.
2. Anok Yai

Anok ne sourit pas, elle transperce. Elle est entrée dans l’histoire de la mode comme on entre dans une légende — sans prévenir, sans demander la permission. En 2018, elle devient la première mannequin noire à ouvrir un défilé Prada depuis Naomi Campbell en 1997. Une claque. L’image fait le tour du monde. Qui est cette fille au regard électrique, à la silhouette liquide et au teint de jais ?
L’histoire est moderne : repérée dans une photo de street style à l’université, postée sur Instagram. Le cliché devient viral. Anok passe d’anonyme à star du jour au lendemain. Mais ce n’est pas un feu de paille. Elle confirme, saison après saison, couverture après couverture.
Originaire du Soudan, née en Égypte, élevée aux États-Unis, elle incarne la diaspora noire dans toute sa complexité. Elle n’a pas besoin d’expliquer qui elle est, son corps et son style parlent pour elle : anguleuse, graphique, futuriste. Anok, c’est la fusion du luxe et de l’avant-garde. Elle n’est jamais là pour rassurer. Elle est là pour déranger, imposer, déplacer le regard.
Elle est aujourd’hui l’un des visages les plus recherchés par les créateurs de la nouvelle génération. Chez Mugler, elle devient sirène cybernétique. Chez Balmain, guerrière somptueuse. Et chez Prada, toujours, une évidence.
Commentaire : Anok n’est pas une variation, c’est une révolution esthétique. Chaque apparition, un événement.
Nom complet : Anok Yai
Nationalité : Soudanaise / Américaine
Date de naissance : 20 décembre 1997
Lieu de naissance : Le Caire, Égypte
Agences : IMG Models
Campagnes clés : Prada, Mugler, Estée Lauder, H&M
Magazines : Vogue, Dazed, i-D, Harper’s Bazaar
Photographes : Rafael Pavarotti, Campbell Addy, Nick Knight
Défilés emblématiques : Prada, Mugler, Versace, Balmain
Fashion Week 2025 : Paris, Milan, New York
Particularité : Premier visage noir à ouvrir Prada depuis 20 ans
Statut (2025) : Muse visuelle de la génération Z
Marques : Estée Lauder, Prada, Burberry
Anecdote : Elle a découvert qu’elle avait été repérée alors qu’elle pensait que la photo était supprimée
3. Mayowa Nicholas

Quand Mayowa Nicholas marche, le silence se fait. Elle n’a pas besoin de hausser la voix ou de théâtraliser ses gestes : son allure parle pour elle. C’est une ligne droite, tendue entre classicisme et puissance. Une silhouette de velours tendu sur de l’acier. Elle est l’archétype de la beauté nigériane élevée au rang de symbole global.
Issue d’un milieu modeste à Lagos, elle remporte le concours Elite Model Look Nigeria en 2014. Très vite, elle franchit les frontières. Mais ce n’est pas un parcours de conte de fées : à ses débuts, elle essuie les refus, les clichés, les quotas invisibles. Elle persiste. Et finit par faire mentir les standards.
En 2018, elle devient la première mannequin nigériane à défiler pour Victoria’s Secret. Une consécration pour toute une génération de jeunes Africaines. Sa grâce féline, sa maîtrise corporelle et son intensité maîtrisée séduisent les grandes maisons. Dolce & Gabbana, Chanel, Balmain, Saint Laurent… Toutes veulent ce regard sûr et cette démarche découpée au laser.
Mayowa, c’est aussi l’intelligence du geste. Jamais caricaturale, toujours sculptée, chaque apparition est une leçon d’élégance concentrée. Elle n’est pas exubérante, elle est souveraine.
Commentaire : Mayowa n’illustre pas la mode, elle l’habite. Et elle élève chaque podium où elle passe.
Nom complet : Mayowa Nicholas
Nationalité : Nigériane
Date de naissance : 22 mai 1998
Lieu de naissance : Lagos, Nigeria
Agences : Elite Model Management
Campagnes clés : Calvin Klein, Dolce & Gabbana, Ralph Lauren
Magazines : Vogue, Harper’s Bazaar, Elle UK
Photographes : Patrick Demarchelier, Ethan James Green
Défilés emblématiques : Victoria’s Secret 2018, Givenchy, Saint Laurent
Fashion Week 2025 : Paris, Milan, Lagos
Particularité : Première Nigériane pour Victoria’s Secret
Statut (2025) : Élégance classique et contemporaine
Marques : YSL, Prada, Chanel
Anecdote : Elle rêvait d’être comptable — jusqu’au jour où elle a été repérée dans un centre commercial
4. Duckie Thot

Duckie Thot, c’est le conte de fées néo-africain en version haute couture. Originaire du Soudan du Sud, née en Australie, elle s’impose comme une icône générationnelle : celle qui transforme les barrières en tremplins. Tout commence avec sa participation à Australia’s Next Top Model, où, malgré une élimination précoce, son magnétisme dépasse rapidement les frontières de la télévision.
Sa peau, d’une intensité obsidienne rare, son regard profond, sa démarche presque chorégraphiée : elle devient rapidement l’une des muses préférées de maisons comme Fenty Beauty, Balmain, Oscar de la Renta ou Jean Paul Gaultier. Ce qui frappe chez Duckie, c’est la force d’un héritage vécu, assumé, transfiguré en modernité sculpturale.
Mais derrière la grâce, il y a un combat. Duckie parle ouvertement des discriminations qu’elle a subies en Australie, des coiffures imposées, du manque de maquilleurs formés aux peaux noires. Elle s’impose alors comme une voix essentielle pour les mannequins noirs dans l’industrie, et prend le contrôle de son image : aucun compromis sur ses cheveux naturels, ses origines, sa manière d’exister dans la lumière.
En 2025, elle est une superstar. Elle cumule les campagnes, mais choisit avec finesse. Elle apparaît rarement en interview, mais lorsqu’elle parle, c’est pour dire l’essentiel : fierté, racines, représentation.
- Nom complet : Nyadak « Duckie » Thot
- Nationalité : Australienne / Soudanaise
- Date de naissance : 23 octobre 1995
- Lieu de naissance : Melbourne, Australie
- Agences : IMG Models
- Campagnes clés : Fenty Beauty, Balmain, Oscar de la Renta
- Magazines : Vogue Australia, Paper, CR Fashion Book
- Photographes : Tim Walker, Rafael Pavarotti
- Défilés emblématiques : Jean Paul Gaultier, Savage x Fenty, Valentino
- Fashion Week 2025 : Star à New York, Paris et Lagos
- Particularité : Icône afro-futuriste, crinière sculptée
- Statut (2025) : Superstar diasporique mondiale
- Marques : Balmain, Fenty, Jean Paul Gaultier
- Anecdote : Elle a failli abandonner la mode après ANTM — un styliste new-yorkais l’a convaincue de continuer avec ces mots : “Ta peau est une révolution.”
- Commentaire : Duckie ne joue pas dans le système. Elle redessine la carte du pouvoir visuel avec grâce, force et mémoire.
5. Nyagua Ruea

Nyagua Ruea n’est pas une silhouette qu’on oublie. Elle ne cherche pas la lumière — elle l’attire, naturellement, comme un astre noir. À seulement 21 ans, elle incarne déjà la relève sereine d’une génération de mannequins africaines qui ne cherchent pas à entrer dans la mode : elles la redéfinissent.
Née au Soudan du Sud et élevée en Ouganda avant de s’installer au Royaume-Uni, Nyagua traverse les frontières avec grâce. Ce parcours migratoire se reflète dans sa démarche : fluide, mais ancrée. Chaque apparition sur un podium semble être une déclaration silencieuse. Elle n’a pas besoin d’artifice. Son visage à l’ovale parfait, sa peau ébène, ses yeux en amande racontent une histoire de dignité tranquille.
Repérée par Elite, elle connaît une ascension rapide. En 2022, elle ouvre le show Balenciaga à Paris. Puis viennent Prada, Loewe, Ferragamo. Elle devient rapidement l’une des favorites des directeurs artistiques pour son expressivité discrète, sa modernité sans agressivité.
Mais ce qui distingue Nyagua, c’est sa profondeur. Elle parle peu, mais lorsqu’elle s’exprime en interview, c’est toujours avec lucidité : sur les quotas, la santé mentale dans l’industrie, la nécessité de voir plus de visages africains dans les backstages autant que sur les affiches.
En 2025, elle cristallise une esthétique de l’intensité silencieuse. Nyagua ne frappe pas. Elle s’impose.
- Nom complet : Nyagua Ruea
- Nationalité : Sud-Soudanaise / Britannique
- Date de naissance : 2004
- Lieu de naissance : Soudan du Sud
- Agences : Elite Model Management
- Campagnes clés : Loewe, Balenciaga, Prada
- Magazines : Dazed, i-D, Vogue UK
- Photographes : Rafael Pavarotti, Carlijn Jacobs
- Défilés emblématiques : Balenciaga (opening), Prada, Ferragamo
- Fashion Week 2025 : Paris, Londres, Milan
- Particularité : Charisme silencieux, beauté sculptée
- Statut (2025) : Révélation artistique de l’année
- Marques : Loewe, Balenciaga, Mugler
- Anecdote : Elle garde toujours un carnet de croquis dans sa loge : elle rêve d’être designer après le mannequinat
- Commentaire : Nyagua n’élève pas seulement les tenues — elle élève le silence. Elle impose la présence dans l’absence.
6. Gift Peter
Il y a des regards qui accrochent la lumière. Celui de Gift Peter la traverse. Un regard vaste, profond, presque ancestral, ancré dans les terres rouges du Nigeria. Elle n’a pas 20 ans qu’elle défile déjà pour les plus grandes maisons. Gift est l’une des révélations les plus fulgurantes de 2025, et pourtant elle agit comme si elle avait toujours été là.
Originaire de Benue, elle est repérée à Lagos lors d’un casting sauvage, comme on dit dans le milieu. Elle n’a alors jamais mis un pied sur un podium. Quelques semaines plus tard, elle est à Milan, silhouette filiforme dans une robe Loewe. Puis viennent Valentino, Dior, Balmain. Sa montée est fulgurante. Mais ce qui fascine, ce n’est pas la vitesse — c’est le calme.
Gift ne joue pas, elle incarne. Ce qu’elle dégage, c’est une forme de grandeur innée. Pas d’exubérance, pas de mimétisme. Elle n’imite personne, elle est. Avec sa peau sombre et la finesse de ses traits, elle évoque les statues d’ébène, les déesses antiques réinterprétées au XXIe siècle.
Elle ne parle presque jamais en public, cultive un mystère rare à l’heure de la surexposition. On sait seulement qu’elle aime la poésie yoruba, les tissus traditionnels, et qu’elle rêve un jour de défiler à Lagos dans une tenue 100 % nigériane.
- Nom complet : Gift Peter
- Nationalité : Nigériane
- Date de naissance : 2005
- Lieu de naissance : Benue, Nigeria
- Agences : Select Model Management
- Campagnes clés : Dior, Valentino, Alexander McQueen
- Magazines : Vogue UK, Numéro, Tush
- Photographes : Txema Yeste, Paolo Roversi
- Défilés emblématiques : Loewe, Dior, Ferragamo, Balmain
- Fashion Week 2025 : Milan, Paris, Lagos
- Particularité : Mystique, moderne, presque hiératique
- Statut (2025) : Nouvelle favorite des DA européens
- Marques : Valentino, Loewe, Mugler
- Anecdote : Lors de son premier défilé, elle a demandé à marcher pieds nus « pour sentir la terre » — le DA l’a laissé faire.
- Commentaire : Gift ne suit pas les pas des autres. Elle trace une voie ancienne, réactualisée à chaque regard.
7. Yolanda Isaac
Yolanda Isaac, c’est l’énergie brute. Un mélange de puissance graphique et de précision émotionnelle. Sur les podiums, elle n’arrive pas — elle surgit. Chaque pas, chaque regard, chaque pose est calibrée comme une signature. À seulement 20 ans, elle s’impose comme l’un des visages les plus prometteurs de la scène africaine contemporaine.
Originaire d’Afrique du Sud, Yolanda n’a pas attendu que l’Europe lui ouvre la porte : elle l’a enfoncée. Diplômée en architecture d’intérieur, elle transpose dans la mode un sens aigu des lignes et des volumes. Son profil atypique, ses pommettes tranchées, son crâne rasé, son intensité silencieuse : tout en elle résonne comme un manifeste esthétique.
Elle fait ses débuts à la Fashion Week de Johannesburg, puis explose à Paris chez Rick Owens. Là, sa démarche angulaire, presque chorégraphique, crée l’événement. Elle devient ensuite une habituée des shows de Courrèges, Mugler, Givenchy, et travaille étroitement avec des stylistes comme Ib Kamara et Jawara Alleyne.
Yolanda refuse de n’être qu’un corps à habiller. Elle intervient dans les choix créatifs, milite pour que les coiffures afro soient respectées backstage, et utilise ses réseaux pour visibiliser les créateurs africains émergents. Elle est déjà bien plus qu’un mannequin : elle est une curatrice de sa propre image.
- Nom complet : Yolanda Isaac
- Nationalité : Sud-Africaine
- Date de naissance : 2003
- Lieu de naissance : Le Cap, Afrique du Sud
- Agences : DNA Models, MyFriend Ned
- Campagnes clés : Mugler, Courrèges, Off-White
- Magazines : i-D, Vogue South Africa, Dazed
- Photographes : Harley Weir, Mous Lamrabat
- Défilés emblématiques : Rick Owens, Givenchy, Marine Serre
- Fashion Week 2025 : Paris, Londres, Johannesburg
- Particularité : Crâne rasé, démarche sculptée, présence viscérale
- Statut (2025) : Nouveau visage radical de la scène sud-africaine
- Marques : Off-White, Mugler, Casablanca
- Anecdote : Lors de son premier défilé, elle a improvisé un spin final — le directeur artistique a gardé la séquence pour la campagne.
- Commentaire : Yolanda ne se laisse pas porter par la mode. Elle la pilote. Et elle lui donne une tension neuve.
8. Ifeoma Chukwuogo
Ifeoma Chukwuogo a cette rare capacité à occuper l’espace sans un mot, sans un geste excessif. Elle incarne une grâce volontaire, faite de douceur contenue et de densité intérieure. Originaire du Nigeria, elle n’est pas seulement mannequin — elle est aussi réalisatrice, scénariste, artiste visuelle. Chaque apparition sur un podium semble porter le poids d’un récit plus vaste.
Fille d’intellectuels igbos, elle grandit entre Abuja et Lagos dans une famille où l’image, la culture et l’engagement politique sont omniprésents. Elle entame d’abord des études de cinéma à Londres, mais la mode s’invite presque par hasard dans son parcours. Ce qui devait être un shooting test devient une couverture. Ce qui devait être une exception devient un terrain d’expression.
Ce qui distingue Ifeoma, c’est sa lenteur. Elle marche comme on écrit un poème : en respirant, en suspendant le temps. Ses défilés chez Jil Sander, The Row ou Hermès sont souvent salués pour la profondeur quasi-théâtrale qu’elle donne aux vêtements. Elle transforme la matière en langage.
Féministe assumée, cinéaste primée pour ses courts-métrages, elle ne sépare jamais son art de sa présence publique. Son style ? Radical, minimal, raffiné. Sa parole ? Rare, mais puissante. Ifeoma refuse les simplifications : elle est modèle, mais aussi autrice de sa narration.
- Nom complet : Ifeoma Chukwuogo
- Nationalité : Nigériane
- Date de naissance : 1995
- Lieu de naissance : Abuja, Nigeria
- Agences : IMG, The Society
- Campagnes clés : Jil Sander, The Row, COS
- Magazines : The Gentlewoman, Vogue Nigeria, Another Magazine
- Photographes : Jamie Hawkesworth, Julia Hetta
- Défilés emblématiques : The Row, Loewe, Jil Sander
- Fashion Week 2025 : Paris, Milan, Londres
- Particularité : Cinéaste-modèle, intellectuelle visuelle
- Statut (2025) : Figure de l’intelligence esthétique dans la mode
- Marques : COS, Jil Sander, Toteme
- Anecdote : Elle a refusé un contrat de trois ans avec une grande maison pour pouvoir tourner son documentaire sur la jeunesse nigériane
- Commentaire : Ifeoma ne se contente pas d’être regardée. Elle regarde aussi. Et sa vision transforme.
9. Deba Hekmat

Deba Hekmat, c’est la voix sourde de la beauté noire contemporaine. Une beauté qui ne crie pas, qui ne cherche pas à convaincre, mais qui s’impose par son intensité. Dès qu’elle apparaît, on sent qu’on a affaire à une présence dense, précise, qui ne se laisse ni résumer ni capturer facilement.
D’origine éthiopienne et érythréenne, elle naît en Allemagne, grandit à Berlin, dans un environnement multiculturel mais souvent déraciné. Cette tension intérieure — entre héritage, exil et expression — infuse son rapport à la mode. Deba n’est pas dans la représentation, elle est dans la résistance douce. Chaque pas sur le podium est une revendication subtile.
Son visage est une carte à déchiffrer : yeux étirés, lèvres pleines, port altier. Elle explose en 2023 avec une couverture de Vogue Germany signée Campbell Addy. Depuis, elle défile pour Jacquemus, Paco Rabanne, Acne Studios, et devient l’un des visages privilégiés de la nouvelle vague scandinave et allemande.
Mais Deba est aussi une activiste silencieuse. Sur ses réseaux, elle parle d’afroféminisme, de santé mentale, de diaspora oubliée. Elle refuse les campagnes stéréotypées et préfère collaborer avec des créateurs indépendants africains ou diasporiques. Ce qu’elle construit, ce n’est pas une carrière : c’est une narration cohérente.
- Nom complet : Deba Hekmat
- Nationalité : Allemande / Éthiopienne / Érythréenne
- Date de naissance : 1999
- Lieu de naissance : Berlin, Allemagne
- Agences : Kult Models, Women Management
- Campagnes clés : Jacquemus, Acne Studios, Rabanne
- Magazines : Vogue Germany, Numéro Berlin, King Kong
- Photographes : Campbell Addy, Elizaveta Porodina
- Défilés emblématiques : Paco Rabanne, Cecilie Bahnsen, GmbH
- Fashion Week 2025 : Paris, Berlin, Copenhague
- Particularité : Beauté diasporique introspective
- Statut (2025) : Figure de l’avant-garde allemande
- Marques : Jacquemus, Acne Studios, Mugler
- Anecdote : Elle a coécrit un manifeste visuel afro-européen distribué en backstage pendant la Fashion Week de Berlin
- Commentaire : Deba ne veut pas dominer l’image. Elle veut l’élargir, l’hybrider, la rendre juste.
II. Références confirmées
10. Ajuma Nasenyana

Ajuma Nasenyana est une pionnière, mais elle n’a jamais demandé ce titre. Elle l’est devenue parce qu’elle a osé être ce que le monde n’était pas prêt à voir : une femme noire, kényane, au crâne rasé, à la peau sombre, imposant sa beauté sans concession.
Ancienne championne de course, Ajuma est repérée à Nairobi lors d’un concours local de Miss Tourism Kenya, elle attire rapidement l’attention de scouts internationaux. Elle n’a alors aucun repère dans le monde de la mode internationale. Et pourtant, elle ne tarde pas à conquérir les podiums de Vivienne Westwood, Victoria’s Secret ou encore Carlos Miele. Ce qui fascine ? Sa démarche féline, presque animale. Une puissance élégante, totalement indomptée.
Ajuma Nasenyana est une réponse directe à tous ceux qui ont, pendant des décennies, nié la beauté noire dans sa forme la plus brute. Née au Kenya, dans une petite ville de la région de Turkana, elle émerge à l’international au début des années 2000 comme un électrochoc : teint d’onyx, crâne rasé, regard intense, silhouette d’ébène. Elle casse les codes — volontairement.
Mais ce qui rend Ajuma inoubliable, c’est son activisme. Très vite, elle critique ouvertement le colorisme dans l’industrie et le blanchiment des peaux dans les campagnes publicitaires africaines. Elle fonde sa propre agence de mannequins au Kenya pour promouvoir les beautés indigènes, rejetées par les standards internationaux.
Aujourd’hui, elle ne défile plus autant, mais son aura reste immense. elle est à la fois légende et mentor. Elle apparaît dans des conférences, anime des programmes pour jeunes modèles africaines, et continue d’inspirer celles qui refusent de se blanchir — au sens propre comme au figuré. Elle est citée comme référence par les nouvelles générations de mannequins africaines. Elle a ouvert une brèche. Elle a affirmé que la peau noire, très noire, n’a pas à se justifier.
- Nom complet : Ajuma Nasenyana
- Nationalité : Kényane
- Date de naissance : 1984
- Lieu de naissance : Lodwar, Kenya
- Agences : Ford Models, Afrique Models (fondatrice)
- Campagnes clés : Vivienne Westwood, Victoria’s Secret, Carlos Miele
- Magazines : Vogue, Arise, True Love
- Photographes : Mario Testino, Steven Klein
- Défilés emblématiques : Vivienne Westwood, Baby Phat, Victoria’s Secret
- Fashion Week 2025 : Présente comme mentor à Nairobi et Johannesburg
- Particularité : Militante anti-colorisme, crâne rasé iconique
- Statut (2025) : Figure historique du mannequinat africain
- Marques : Baby Phat, Kenzo, Vivienne Westwood
- Anecdote : Elle a refusé une couverture éclaircie par retouche numérique, exigeant que son teint naturel soit respecté
- Commentaire : Ajuma ne s’est pas contentée d’occuper l’espace. Elle l’a reconstruit pour celles qui viendraient après elle.
11. Fatima Siad – La beauté engagée née de la douleur

Elle est révélée en 2008 dans l’émission America’s Next Top Model, où son élégance, son port de tête, sa voix posée et sa profondeur personnelle fascinent. Très vite, elle s’émancipe de la simple image de la “candidate TV” et conquiert les podiums européens et américains. Elle défile pour Dries Van Noten, Hervé Léger, Hermès, et multiplie les couvertures de magazines indépendants et artistiques.
Fatima, c’est une esthétique longiligne, racée, très couture. Mais c’est aussi une conscience politique : diplômée en sciences politiques, féministe assumée, elle donne régulièrement des conférences sur l’image de la femme noire dans la mode, et milite pour l’éducation des filles réfugiées, en Afrique comme aux États-Unis.
En 2025, elle alterne entre ses projets humanitaires et ses retours sélectifs dans la mode. Elle reste une source d’inspiration majeure pour les jeunes modèles noires qui refusent de choisir entre beauté, mémoire et intelligence.
Commentaire : Fatima ne marche pas sur les podiums — elle les élève à la hauteur de son histoire.
Nom complet : Fatima Siad
Nationalité : Somalienne / Américaine
Date de naissance : 17 décembre 1986
Lieu de naissance : Mogadiscio, Somalie
Agences : IMG Models, Munich Models
Campagnes clés : Ralph Lauren, Herve Leger, Dries Van Noten
Magazines : Marie Claire, Elle UK, Schön!
Photographes : Rankin, Ellen von Unwerth
Défilés emblématiques : Hermès, Dries Van Noten, Max Azria
Fashion Week 2025 : Interventions ponctuelles, mentorat à Paris
Particularité : Érudition, silhouette de haute couture
Statut (2025) : Figure hybride entre engagement et image
Marques : Herve Leger, Max Azria, Dries Van Noten
Anecdote : Lors d’une audition, un agent lui a dit : “Tu es trop sérieuse pour ce métier.” Elle a répondu : “C’est pour ça que je vais le changer.”Fatima Siad est une survivante devenue muse. Née en Somalie, elle vit une enfance marquée par la guerre civile et l’exil. Elle perd deux de ses sœurs dans le conflit avant de trouver refuge aux États-Unis avec sa mère. Ce passé douloureux ne l’arrête pas — il la façonne. Et sur les podiums, Fatima défile avec une dignité rare, presque royale.
12. Flaviana Matata

Flaviana Matata est entrée dans la mode comme un courant d’air : inattendue, vivifiante, radicalement différente. En 2007, elle devient la première Tanzanienne à représenter son pays à Miss Universe — cheveux rasés, zéro maquillage ostentatoire, élégance brute. Une révolution silencieuse. Elle ne remporte pas le titre, mais marque les esprits. Et très vite, c’est l’univers de la mode qui la réclame.
Sa beauté androgyno-féminine, son charisme calme, son sourire discret mais éclatant séduisent les grandes maisons. Elle devient le visage de campagnes internationales pour L’Oréal, Diesel, Mustela, enchaîne les défilés à Paris et à Milan, de Vivienne Westwood à Tommy Hilfiger. Mais Flaviana n’est pas qu’un corps en mouvement : elle est une intelligence sociale rare.
Diplômée en ingénierie électrique, elle devient entrepreneure très tôt, en lançant la Flaviana Matata Foundation qui soutient l’éducation des jeunes filles en Tanzanie. Elle parle dans les universités, participe à des forums internationaux, tout en continuant à défiler de temps en temps, mais à ses conditions. Pour elle, le style n’a jamais été un objectif : c’est un levier.
Sa présence dans les médias africains est constante, mais toujours mesurée. Elle incarne une forme de leadership à l’africaine : fondé sur l’action, la cohérence, la discrétion. Elle ne cherche pas à briller pour elle-même, mais pour éclairer un chemin possible pour les autres.
- Nom complet : Flaviana Matata
- Nationalité : Tanzanienne
- Date de naissance : 9 juin 1988
- Lieu de naissance : Shinyanga, Tanzanie
- Agences : Wilhelmina Models, Ice Model Management
- Campagnes clés : L’Oréal, Mustela, Diesel
- Magazines : Forbes Africa, Elle South Africa, New African Woman
- Photographes : Mike Ruiz, Mario Epanya
- Défilés emblématiques : Vivienne Westwood, Tommy Hilfiger, Tory Burch
- Fashion Week 2025 : Intervient comme mentor à Johannesburg et Nairobi
- Particularité : Ingénieure, fondatrice, mentor
- Statut (2025) : Modèle senior, activiste éducative
- Marques : L’Oréal, Tommy Hilfiger, M·A·C Cosmetics
- Anecdote : Elle a refusé de porter une perruque imposée pour un shooting : “Ma tête nue est une signature”
- Commentaire : Flaviana ne défile pas pour la gloire. Elle marche pour que d’autres puissent apprendre à voler.
13. Maria Borges

Maria Borges, c’est un sourire qui casse les murs. Mais derrière cette lumière se cache une combattante. Venue d’Angola, élevée par sa sœur après avoir perdu sa mère très jeune, elle transforme la douleur en grâce. Sa trajectoire ? Un miracle de détermination. Repérée lors du concours Elite Model Look Angola, elle débarque à New York sans connaître un mot d’anglais. Mais elle apprend vite. Très vite.
En 2015, elle fait basculer l’histoire : elle devient la première mannequin noire à défiler pour Victoria’s Secret avec ses cheveux naturels afro. C’est un acte politique sous les projecteurs du glamour. Le monde entier prend note. Ce n’est pas qu’un look : c’est une affirmation. Elle ouvre une voie nouvelle pour des millions de jeunes filles noires.
Maria est un feu doux. Elle n’est pas tapageuse, mais constante. De Givenchy à Balmain, de Tommy Hilfiger à Dior, elle impose sa signature : une beauté solaire, une force tranquille. Son élégance est dans la continuité, dans l’intégrité. Et son regard, toujours lumineux, dément l’idée que le combat et la joie soient opposés.
Au-delà du podium, elle est devenue ambassadrice de l’UNICEF, porte-parole pour l’alphabétisation en Afrique, et marraine d’orphelinats en Angola. Elle multiplie les apparitions dans les médias panafricains, tout en conservant une simplicité rare. Maria n’est pas dans la revendication frontale. Elle fait de sa vie une démonstration.
- Nom complet : Maria Borges
- Nationalité : Angolaise
- Date de naissance : 28 octobre 1992
- Lieu de naissance : Luanda, Angola
- Agences : IMG Models Worldwide
- Campagnes clés : L’Oréal Paris, Tommy Hilfiger, Givenchy
- Magazines : Vogue, Elle, Harper’s Bazaar
- Photographes : Russell James, Txema Yeste
- Défilés emblématiques : Victoria’s Secret (2013–2018), Balmain, Dior
- Fashion Week 2025 : Ambassadrice UNICEF à Paris et Luanda
- Particularité : Première à défiler chez Victoria’s Secret avec afro naturel
- Statut (2025) : Icône mainstream africaine
- Marques : L’Oréal, Balmain, Tommy Hilfiger
- Anecdote : En backstage chez VS, elle a dit : “Je ne porte pas de perruque. Ce soir, je suis l’Angola.”
- Commentaire : Maria Borges ne défile pas — elle rayonne. Elle est la preuve vivante que la beauté noire n’a plus à se cacher.
14. Alek Wek

Alek Wek est un tournant. Une fracture dans la ligne du temps de la mode. Avant elle, les mannequins noires étaient tolérées si elles correspondaient à des critères « occidentalisés ». Avec elle, c’est l’Afrique brute, majestueuse, originelle qui entre dans les hautes sphères. Et elle ne demande pas la permission. Elle arrive. Et elle reste.
Née au Soudan du Sud, réfugiée de guerre, arrivée en Angleterre à l’adolescence, elle est repérée par un scout dans un marché de Londres. Il n’a jamais vu un visage comme le sien. Le monde non plus. Très vite, elle devient la muse d’Issey Miyake, de Jean-Paul Gaultier, de Chanel. Sa peau d’ébène, ses traits durs, ses lèvres larges, son crâne rasé : elle impose une beauté que l’industrie n’avait jamais osé célébrer.
En 1997, elle devient la première femme noire d’Afrique subsaharienne à apparaître en couverture d’Elle US. Et ce n’est que le début. Naomi Campbell dira d’elle qu’elle a « ouvert les portes pour des générations entières ». Mais Alek, elle, reste humble. Elle sait d’où elle vient : des camps de réfugiés. Et elle porte son histoire avec dignité.
Elle est aussi une humanitaire engagée, ambassadrice du HCR, militante pour le Soudan du Sud, autrice d’une autobiographie inspirante (Alek: From Sudanese Refugee to International Supermodel). En 2025, elle reste une icône intemporelle. Non pas parce qu’elle a suivi la mode, mais parce qu’elle l’a profondément transformée.Parfait. Voici le portrait détaillé de :
15. Grace Bol

Grace Bol est une énigme captivante, un équilibre entre rigueur sculpturale et fantaisie silencieuse. Avec sa silhouette longiligne, ses traits marqués, et son port de tête digne d’une reine nilotique, elle incarne une esthétique minimaliste et radicale. Venue du Soudan du Sud, comme Alek Wek qu’elle cite volontiers comme inspiration, Grace n’a jamais suivi la voie facile — elle a suivi la sienne.
Elle émerge au début des années 2010, propulsée par des campagnes de Givenchy, puis devient une habituée des Fashion Weeks de Paris, Milan et New York. Mais contrairement à beaucoup, elle ne cherche jamais la visibilité à tout prix. Elle travaille avec constance, précision, discrétion. Et elle construit une œuvre : une présence soignée, presque méditative.
Sur les podiums de Rick Owens, Proenza Schouler, Balmain, elle apporte une tension calme, une autorité naturelle. Peu de mots, beaucoup d’impact. En backstage, elle est connue pour sa discipline, son professionnalisme, et son soutien aux jeunes modèles africaines. En 2017 et 2018, elle défile pour Victoria’s Secret — une rareté pour une mannequin à la beauté aussi affirmée.
Grace, c’est l’élégance sans compromis. Elle ne joue pas la carte de l’ultra-séduction. Elle ne fait pas de bruit. Elle irradie.
- Nom complet : Grace Bol
- Nationalité : Sud-Soudanaise
- Date de naissance : 1er janvier 1990
- Lieu de naissance : Wau, Soudan du Sud
- Agences : The Lions, Women Management
- Campagnes clés : Givenchy, Balmain, Helmut Lang
- Magazines : Vogue US, Harper’s Bazaar, Elle UK
- Photographes : Patrick Demarchelier, Sølve Sundsbø
- Défilés emblématiques : Rick Owens, Mugler, Victoria’s Secret
- Fashion Week 2025 : Présente à Milan et Paris
- Particularité : Beauté sculptée, minimalisme majestueux
- Statut (2025) : Icône tranquille du mannequinat afro-international
- Marques : Balmain, Helmut Lang, Altuzarra
- Anecdote : Elle médite avant chaque défilé et garde toujours une photo d’Alek Wek dans son sac
- Commentaire : Grace Bol n’impose rien. Elle est là. Et sa simple présence redéfinit la norme.
16. Malaika Firth – L’élégance à l’anglaise, avec des racines kényanes

Quand Prada choisit une mannequin noire pour sa campagne en 2013, la presse mode s’emballe : c’est la première fois depuis Naomi Campbell en 1994. La jeune femme s’appelle Malaika Firth, elle a 19 ans, une voix douce, un regard intense, et un port aristocratique. Née au Kenya, élevée à Londres, Malaika symbolise la finesse d’une nouvelle génération métissée, à la fois ancrée et universelle.
Elle impose un style discret, éthéré mais puissant. Peu de sourires, peu de gestes : tout se joue dans la posture, dans la façon de faire vivre un vêtement. Si Naomi incarnait la force brute, Malaika est tout en fluidité. Les directeurs artistiques raffolent de cette grâce « insaisissable », qui fonctionne aussi bien chez Burberry que Valentino.
Aujourd’hui, Malaika ne cherche pas la lumière à tout prix. Elle choisit ses projets, privilégie les collaborations durables et l’intimité créative. Pas de course aux followers, mais une constance rare. Elle est l’anti-influenceuse par excellence, et c’est ce qui fait d’elle une perle rare dans un monde de surexposition.
- Nom complet : Malaika Firth
- Nationalité : Britannique / Kényane
- Date / lieu de naissance : 23 mars 1994, Mombasa (Kenya)
- Agences : Premier Model Management (Londres), IMG Models (New York)
- Campagnes 2025 : Prada « Icons Reborn », Valentino « Whisper Line », Burberry Beauty
- Magazines : Vogue UK juin 2024, i-D n°375 « The Introspective Issue »
- Défilés emblématiques : Prada SS 2014 (campagne et podium), Valentino Haute Couture 2025, Burberry F/W 2023
- Photographes fétiches : Craig McDean, David Sims
- Fashion Week 2025 : Paris, Milan (sélective)
- Particularité : première mannequin noire en campagne Prada depuis Naomi Campbell ; élégance « insaisissable » selon les DA
- Statut 2025 : icône discrète, en activité ciblée – revenus estimés 500 k€ annuels
- Anecdote : Elle n’a jamais fait de concours de beauté. Son booker l’a découverte dans un café à Ilford, un samedi après-midi.
- Le mot du styliste : « Avec Malaika, pas besoin de direction : elle comprend l’émotion du vêtement avant même qu’on lui parle. »
17. Aamito Lagum
Aamito Lagum est la force tranquille de l’Afrique de l’Est. Native d’Ouganda, elle est la première gagnante de Africa’s Next Top Model en 2013, une victoire qui ouvre pour elle les portes de la scène mondiale. Mais ce qui impressionne chez Aamito, ce n’est pas son parcours compétitif — c’est sa persévérance, son intelligence de l’image, et son intensité presque méditative.
Avec son visage anguleux, son teint d’ébène, ses lèvres larges et expressives, elle attire immédiatement l’œil des plus grands. Elle fait ses débuts pour Balenciaga à la Fashion Week de Paris, et ne tarde pas à enchaîner avec des défilés majeurs pour Lanvin, Kenzo, Giambattista Valli ou encore Lacoste. Elle impose son style : racé, posé, affirmé. Aamito ne joue pas — elle incarne.
Elle fait aussi partie de cette génération consciente, politisée, qui utilise ses réseaux sociaux pour défendre la représentation des modèles africains, mais aussi pour parler de racisme dans les castings, de spiritualité, de culture. En 2016, elle est victime d’un commentaire raciste sur Instagram posté par une marque — elle répond avec fermeté et grâce, déclenchant un débat mondial sur les stéréotypes de beauté.
En 2025, elle est devenue une référence à part entière. Elle est plus rare, plus sélective, mais chaque apparition a un poids. Elle incarne le pouvoir de l’africanité sans filtre, dans ce qu’elle a de plus profond, de plus noble.
- Nom complet : Aamito Stacie Lagum
- Nationalité : Ougandaise
- Date de naissance : 3 décembre 1992
- Lieu de naissance : Kampala, Ouganda
- Agences : DNA Models, Joram Model Management
- Campagnes clés : Fenty Beauty, Marc Jacobs, Balenciaga
- Magazines : W Magazine, Vogue Italia, Paper
- Photographes : Steven Klein, Tyler Mitchell
- Défilés emblématiques : Balenciaga, Lanvin, Giambattista Valli
- Fashion Week 2025 : Présente à New York et Milan
- Particularité : Visage anguleux, discours conscient
- Statut (2025) : Voix majeure de l’afromodernité
- Marques : Fenty Beauty, Balenciaga, Marc Jacobs
- Anecdote : Lors de son premier défilé à Paris, elle a dû emprunter des chaussures à une autre modèle, car aucun styliste n’avait prévu sa pointure
- Commentaire : Aamito, c’est l’élégance sans fracture, la pensée dans le port, la résistance dans la douceur.
III. Les Afro-descendantes (États-Unis, Caraïbes)
Afro-Américaines, Afro-Caribéennes ou issues de la diaspora : elles n’ont peut-être pas grandi sur le continent, mais elles en portent l’héritage fièrement. Leur succès international réécrit les règles du mannequinat global.
Elles défilent, oui, mais elles parlent aussi. Santé, diversité, éducation : ces femmes transforment la visibilité en levier. Leur voix porte autant que leur image.
18. Naomi Campbell
Naomi Campbell n’est pas une mannequin. Elle est une ère. Une constance. Une présence qui dépasse la mode pour s’inscrire dans la culture mondiale. Née à Londres d’origine jamaïcaine et afro-chinoise, elle explose à 15 ans et ne quitte plus les sommets depuis. En 2025, après quatre décennies de règne, elle n’a rien perdu de sa force. Elle ne suit pas le rythme du monde — elle l’impose.
Première mannequin noire en couverture de Vogue France, muse de Gianni Versace, égérie d’Azzedine Alaïa, elle devient rapidement la première “supermodel” noire à être traitée comme ses homologues blanches. Elle se bat, elle exige, elle impose. Naomi, c’est la puissance sans filtre.
En dépit des polémiques — sa colère, ses exigences, sa vie privée — elle a toujours été fidèle à une chose : l’excellence. Sur les podiums comme dans les campagnes, elle électrise l’image. Elle ne marche pas. Elle conquiert. En 2025, elle est toujours là. Icône de Balmain, ambassadrice pour Africa Fashion Week, mentor pour les jeunes modèles noires.
Mais Naomi, c’est aussi une activiste : contre le racisme, pour les designers africains, pour la santé en Afrique (notamment avec sa fondation Fashion for Relief). Elle n’a jamais été “seulement” mannequin. Elle est une tornade, une mémoire, une école.
- Nom complet : Naomi Elaine Campbell
- Nationalité : Britannique (d’origine jamaïcaine et afro-chinoise)
- Date de naissance : 22 mai 1970
- Lieu de naissance : Londres, Royaume-Uni
- Agences : Women Management, ZZO Image
- Campagnes clés : Versace, Dolce & Gabbana, Balmain
- Magazines : Vogue (plus de 60 couvertures), i-D, Vanity Fair
- Photographes : Peter Lindbergh, Steven Meisel, David LaChapelle
- Défilés emblématiques : Chanel, Dior, Fendi, Jean Paul Gaultier
- Fashion Week 2025 : Défile en surprise pour Balmain et comme mentore à Lagos
- Particularité : Première superstar noire de la mode globale
- Statut (2025) : Légende planétaire active
- Marques : Balmain, Pat McGrath, Fendi
- Anecdote : Elle a demandé à Jean Paul Gaultier de ne jamais retoucher son teint sur les affiches. Il a obéi.
- Commentaire : Naomi ne se commente pas. Elle s’impose. Elle a ouvert toutes les portes. Elle est la porte.
19. Joan Smalls

Joan Smalls est la réponse moderne à la question : “Et si la haute couture avait enfin compris les Caraïbes ?” Née à Porto Rico, d’un père afro-caribéen et d’une mère portoricaine, elle explose dans une industrie encore frileuse vis-à-vis des visages “racialisés”. Et pourtant, elle devient rapidement la première Latina noire à devenir ambassadrice Estée Lauder, puis l’un des mannequins les mieux payés au monde.
Elle incarne un style tranchant : visage aristocratique, mâchoire sculptée, regard perçant. Son corps est une ligne continue, fluide, qui épouse la haute couture comme le streetwear avec une aisance rare. Que ce soit pour Givenchy, Chanel ou Kanye West, elle impose une tension contemporaine et racée.
Joan n’est pas qu’un corps. Elle est aussi une voix. Très tôt, elle dénonce le manque de diversité dans la mode, exige plus de photographes noirs, de stylistes caribéens, de maquilleurs formés aux peaux foncées. Elle crée une série de documentaires sur les coulisses du mannequinat, mentor les jeunes femmes des Caraïbes, et multiplie les prises de parole dans les grands médias.
En 2025, elle est toujours à son apogée. Elle continue de défiler, choisit ses marques, et produit des contenus mode via sa propre boîte de production. Joan Smalls n’est pas un produit de la mode — elle en est l’éditrice.
- Nom complet : Joan Smalls Rodríguez
- Nationalité : Portoricaine
- Date de naissance : 11 juillet 1988
- Lieu de naissance : Hatillo, Porto Rico
- Agences : IMG Models
- Campagnes clés : Estée Lauder, Gucci, Givenchy
- Magazines : Vogue, W, Harper’s Bazaar
- Photographes : Mert & Marcus, Inez & Vinoodh
- Défilés emblématiques : Chanel, Tom Ford, Fendi
- Fashion Week 2025 : Active à Paris, New York et São Paulo
- Particularité : Première Latina noire top mondial
- Statut (2025) : Star globale, activiste modérée
- Marques : Estée Lauder, Givenchy, Off-White
- Anecdote : En 2020, elle reverse l’intégralité de ses cachets de juin à des ONG noires — un acte imité ensuite par plusieurs top models
- Commentaire : Joan Smalls est une architecture en mouvement. Une pensée affûtée. Un manifeste caribéen à haute valeur couture.
20. Winnie Harlow

Winnie Harlow est un choc visuel devenu phénomène culturel. Diagnostiquée très jeune avec le vitiligo, une maladie auto-immune qui dépigmente la peau, elle a longtemps subi moqueries, rejets, isolement. Mais ce qui aurait pu devenir un obstacle est devenu son superpouvoir. En 2014, lorsqu’elle apparaît dans America’s Next Top Model, le monde découvre une beauté nouvelle, sans précédent.
Winnie, née Chantelle Brown-Young, ne veut pas être définie par sa maladie. Elle en fait une signature. Elle pose avec audace, parle franchement, transforme chaque shooting en revendication esthétique. Et les grandes marques suivent. Elle devient le visage de Desigual, Diesel, Fenty Beauty, puis de Puma, Maybelline et Off-White. Aucun autre mannequin n’a autant redéfini l’image corporelle du XXIe siècle.
Elle n’est pas simplement “la fille au vitiligo”. Elle est une femme noire, canadienne d’origine jamaïcaine, indépendante, businesswoman, conférencière TED, fondatrice de sa propre marque de soins (Cay Skin). Winnie impose un discours d’empowerment dans un packaging pop, frais, parfaitement calibré pour son époque. Elle n’est pas subversive — elle est incontournable.
En 2025, elle continue de défiler, mais surtout de créer. Elle produit ses propres campagnes, signe des collaborations en design, et participe à des initiatives pour la visibilité des corps différents dans les médias.
- Nom complet : Chantelle Whitney Brown-Young (alias Winnie Harlow)
- Nationalité : Canadienne (origines jamaïcaines)
- Date de naissance : 27 juillet 1994
- Lieu de naissance : Mississauga, Ontario, Canada
- Agences : Women Management, CAA
- Campagnes clés : Fenty Beauty, Desigual, Maybelline, Puma
- Magazines : Glamour, Elle, Vogue Arabia
- Photographes : Nick Knight, David Sims
- Défilés emblématiques : Victoria’s Secret, Off-White, Coach
- Fashion Week 2025 : Active à Londres et Los Angeles
- Particularité : Vitiligo assumé comme outil de fierté
- Statut (2025) : Influenceuse globale, entrepreneur
- Marques : Cay Skin, Puma, Tommy Hilfiger
- Anecdote : Son premier shooting professionnel a été refusé par une agence qui jugeait son apparence “trop dérangeante” — deux ans plus tard, cette même agence lui a proposé un contrat qu’elle a refusé
- Commentaire : Winnie ne demande pas la validation. Elle s’impose comme une nouvelle définition du mot “visible”.
21. Halima Aden

Halima Aden est une révolution douce. Née dans un camp de réfugiés au Kenya de parents somaliens, arrivée aux États-Unis très jeune, elle explose en 2016 en devenant la première mannequin à défiler et poser avec un hijab et un burkini. À l’époque, c’est une onde de choc dans le monde de la mode occidentale. Une jeune femme noire, musulmane, voilée, fière de l’être — et sublime.
Son regard intense, sa démarche fluide et son port de tête souverain séduisent immédiatement des marques comme Max Mara, Tommy Hilfiger, Fenty Beauty ou Alberta Ferretti. Elle devient rapidement ambassadrice d’UNICEF, militante pour la diversité religieuse et culturelle dans la mode, et conférencière dans de grandes universités américaines.
Mais Halima ne se contente pas d’être un symbole. En 2020, elle fait un geste rarissime : elle quitte temporairement l’industrie, dénonçant le manque de respect envers ses valeurs religieuses dans certains shootings. “Je veux que d’autres jeunes filles musulmanes voient que le succès ne nécessite pas le compromis de ses croyances”, dit-elle. Cette prise de position courageuse renforce son statut d’icône engagée.
En 2025, elle est de retour dans la mode — mais à ses conditions. Elle ne défile que pour les marques respectueuses, produit ses propres contenus, et développe une ligne de mode inclusive. Halima n’est pas qu’un visage. Elle est une vision.
- Nom complet : Halima Aden
- Nationalité : Américaine (née au Kenya, d’origine somalienne)
- Date de naissance : 19 septembre 1997
- Lieu de naissance : Kakuma, Kenya
- Agences : IMG Models (jusqu’en 2020, puis indépendante)
- Campagnes clés : Fenty Beauty, Max Mara, Modanisa
- Magazines : Vogue Arabia, Allure, CR Fashion Book
- Photographes : Sebastian Faena, Txema Yeste
- Défilés emblématiques : Kanye West Yeezy, Alberta Ferretti
- Fashion Week 2025 : Présente à Dubaï et Nairobi
- Particularité : Première mannequin voilée sur la scène internationale
- Statut (2025) : Voix incontournable pour la mode inclusive
- Marques : Modanisa, Fenty, sa propre ligne “Halima”
- Anecdote : En 2020, elle a refusé une couverture de magazine car on lui demandait un turban stylisé au lieu de son hijab — elle a préféré se retirer
- Commentaire : Halima ne défile pas seulement. Elle trace un sentier pour des millions de femmes invisibles.
22. Nyasha Matonhodze
Nyasha Matonhodze est la poésie incarnée. Lorsqu’elle apparaît pour la première fois sur les podiums, à seulement 16 ans, c’est une révélation. Née au Zimbabwe et élevée en Angleterre, elle est le fruit d’un double ancrage culturel qu’elle porte avec une noblesse innée. Sa beauté — douce, presque néoclassique — contraste avec la nervosité de la mode contemporaine. Et pourtant, elle la redéfinit.
Elle est révélée au monde en 2011 lorsqu’elle devient l’un des visages de la campagne Louis Vuitton, photographiée par Steven Meisel. S’en suivent les défilés pour Dior, Lanvin, Zac Posen, et des éditoriaux dans Vogue, Love Magazine et Numéro. Son style ? Une délicatesse racée, une lenteur contrôlée, un port de tête qui évoque les portraits peints de la Renaissance.
Mais Nyasha est aussi une jeune femme engagée. Elle critique ouvertement les traitements racistes dans l’industrie, les retouches abusives, l’hypersexualisation des jeunes modèles. Après une pause médiatique, elle revient dans les années 2020 avec une voix affirmée et une envie de reconstruire les règles.
En 2025, elle alterne entre campagnes de mode de luxe et projets artistiques. Elle écrit, collabore avec des vidéastes et des photographes africains, et redonne à la beauté noire son droit à la subtilité.
- Nom complet : Nyasha Matonhodze
- Nationalité : Zimbabwéenne / Britannique
- Date de naissance : 31 juillet 1994
- Lieu de naissance : Zimbabwe
- Agences : Elite London, DNA Models
- Campagnes clés : Louis Vuitton, Dior, Topshop
- Magazines : Vogue UK, Numéro, Love
- Photographes : Steven Meisel, Mert & Marcus
- Défilés emblématiques : Dior, Lanvin, Zac Posen
- Fashion Week 2025 : Présente à Paris et Londres
- Particularité : Grâce néo-classique, engagement silencieux
- Statut (2025) : Voix subtile et respectée du mannequinat artistique
- Marques : Louis Vuitton, Dior, H&M Conscious
- Anecdote : Lors de son premier shooting Vogue, elle a demandé à ce qu’aucune retouche ne soit faite sur son grain de peau. Le photographe a accepté — c’était Steven Meisel.
- Commentaire : Nyasha ne revendique pas. Elle incarne. Elle montre qu’une mannequin noire peut être douceur, mystère, lenteur, et ne rien devoir prouver.
23. Riley Montana
Riley Montana est un visage brut, sans artifice, une puissance tranquille venue de Detroit. Avant la mode, elle était technicienne de laboratoire. Rien ne la prédestinait à devenir muse de Givenchy ou à poser pour Vogue Paris. Et pourtant, lorsqu’elle explose en 2014, l’industrie est saisie par la force d’une beauté urbaine et viscéralement moderne.
Son visage long, son port grave, ses yeux droits : Riley ne joue pas. Elle impose. Elle défile pour Balmain, Marc Jacobs, Bottega Veneta, et devient rapidement une favorite de la mode européenne. Ce qui frappe, c’est sa sobriété — presque minimaliste — et sa façon de ne jamais forcer. Elle semble traverser la mode sans s’y perdre.
Mais derrière la silhouette longiligne se cache une voix. Riley prend souvent la parole sur les réseaux pour dénoncer le manque de maquilleurs qualifiés pour les peaux noires, les castings biaisés, les contrats inégaux. Elle veut que le système s’adapte, pas l’inverse. Elle crée aussi un label de vêtements casual haut de gamme inspiré de la culture noire de Detroit.
En 2025, elle défile encore, mais surtout, elle façonne. Sa marque décolle, elle est mentor pour les jeunes talents issus de milieux modestes, et produit des contenus mode pour des plateformes indépendantes.
- Nom complet : Ebony Riley (alias Riley Montana)
- Nationalité : Américaine
- Date de naissance : 6 décembre 1990
- Lieu de naissance : Detroit, Michigan, USA
- Agences : Women Management, Next Models
- Campagnes clés : Givenchy, Marc Jacobs, Balmain
- Magazines : Vogue Paris, CR Fashion Book, Allure
- Photographes : Steven Klein, Daniel Jackson
- Défilés emblématiques : Bottega Veneta, Lanvin, Mugler
- Fashion Week 2025 : Présente à Milan et Los Angeles
- Particularité : Beauté introspective, démarche instinctive
- Statut (2025) : Créatrice et modèle hybride
- Marques : Marc Jacobs, Mugler, sa propre marque “Riley Noir”
- Anecdote : Elle a refusé de faire retoucher sa cicatrice sur une campagne beauté — le produit s’est mieux vendu avec son authenticité assumée.
- Commentaire : Riley n’incarne pas une époque. Elle la critique, la réécrit et y imprime la voix de celles qu’on n’entendait pas.
24. Adesuwa Aighewi

Adesuwa Aighewi est une onde rebelle dans une mer trop calme. Mannequin, cinéaste, activiste, elle explose les frontières. Née aux États-Unis d’un père nigérian et d’une mère thaïo-chinoise, élevée entre les continents, elle incarne une vision mondiale et indisciplinée de la beauté. Cheveux locksés, voix rauque, regard franc — elle n’entre dans aucune case. Elle les brûle.
Repérée sur un campus universitaire, elle entre dans la mode par la petite porte… et renverse la table. En quelques saisons, elle devient la muse de Marc Jacobs, Miu Miu, Chanel, Dior. Son style : du charisme brut, une tension entre masculinité stylisée et sensualité africaine. Mais Adesuwa, c’est surtout une tête. Elle réfléchit, écrit, filme, parle — souvent mieux que ceux qui veulent la diriger.
Elle crée des courts-métrages sur les mannequins africains, collabore avec des artistes afro-américains, développe un discours fort sur la représentation des identités mixtes. Son esthétique est subversive : elle porte des dreads sur les podiums de haute couture, refuse les perruques imposées, célèbre sa singularité. Elle n’est pas là pour plaire — elle est là pour perturber.
En 2025, elle est toujours sur les podiums, mais aussi en résidence d’artiste à Dakar, en préparation d’un documentaire sur l’héritage culturel nigérian. Elle ne fait pas que défiler. Elle fabrique des images, des récits, des contre-narrations.
- Nom complet : Adesuwa Aighewi
- Nationalité : Américaine (origines nigérianes, thaïlandaises et chinoises)
- Date de naissance : 22 avril 1989
- Lieu de naissance : Minneapolis, Minnesota, USA
- Agences : DNA Models, Storm Management
- Campagnes clés : Chanel, Fendi, Marc Jacobs
- Magazines : i-D, Vogue Italia, Document Journal
- Photographes : Harley Weir, Ethan James Green
- Défilés emblématiques : Dior, Miu Miu, Louis Vuitton
- Fashion Week 2025 : Active à Paris, Lagos, Tokyo
- Particularité : Cinéaste engagée, dreads iconiques
- Statut (2025) : Artiste-modèle, activiste visuelle
- Marques : Chanel, Fendi, Jacquemus
- Anecdote : Elle a réalisé un court-métrage entier dans sa chambre d’hôtel à Milan pendant la Fashion Week, en improvisant avec des mannequins africains — il a été sélectionné à Sundance.
- Commentaire : Adesuwa n’est pas une image. Elle est une caméra tournée vers nous.
25. Lineisy Montero

Lineisy Montero est une révolution en silence. Lorsqu’elle apparaît en 2015 sur le podium de Prada, avec ses cheveux crépus naturels, le monde de la mode est secoué : depuis des décennies, aucune mannequin noire n’avait été présentée ainsi par la maison italienne. Et pourtant, Lineisy, originaire de République dominicaine, ne force rien. Elle avance, magnétique, avec une élégance calme et une présence sidérante.
Son visage est une peinture cubiste : traits doux mais affirmés, cou long, regard en demi-teinte. Elle incarne une beauté hors format, minimaliste, presque intellectuelle. En quelques mois, elle devient un visage incontournable : elle défile pour Balenciaga, Chanel, Louis Vuitton, Givenchy. Elle est photographiée par les plus grands — mais jamais dénaturée. Lineisy, c’est l’authenticité comme ligne de force.
Elle ne parle pas beaucoup, mais son image dit tout. Elle défend les cheveux naturels, la complexité des origines afro-latino, la beauté discrète mais puissante. Elle ne cherche pas à plaire : elle impose un rythme, une temporalité, une retenue salutaire dans une industrie survoltée.
En 2025, Lineisy reste une énigme volontaire. Elle choisit ses campagnes, reste fidèle à ses racines, et inspire une nouvelle génération de mannequins dominicaines qui osent venir avec leur afro, leur identité, et leurs silences.
- Nom complet : Lineisy Montero Feliz
- Nationalité : Dominicaine
- Date de naissance : 8 février 1996
- Lieu de naissance : Santo Domingo, République dominicaine
- Agences : Next Model Management
- Campagnes clés : Prada, Chanel, Louis Vuitton, Uniqlo
- Magazines : Vogue Mexico, Dazed, i-D
- Photographes : Steven Meisel, Karim Sadli
- Défilés emblématiques : Prada, Loewe, Givenchy, Balenciaga
- Fashion Week 2025 : Active à Paris et Milan
- Particularité : Cheveux afro naturels, grâce minimaliste
- Statut (2025) : Figure de référence pour l’afro-latino naturel
- Marques : Louis Vuitton, Uniqlo, Balmain
- Anecdote : Après sa campagne Prada, plusieurs coiffeurs backstage ont été formés à travailler sur cheveux crépus — une petite révolution lancée sans un mot.
- Commentaire : Lineisy ne crie pas. Elle existe, dans le calme, la cohérence, et le refus de se faire lisser — au sens propre comme au figuré.
IV. Les Pionnières légendaires
Ce chapitre rend hommage aux figures fondatrices, celles qui ont ouvert les podiums à la beauté noire avant même que le système ne soit prêt. Elles ont défié les diktats esthétiques à une époque où être noire dans la mode relevait de l’exploit. Leur héritage se mesure en symboles, en victoires silencieuses, en premières historiques.
Elles ont ouvert la voie. Avant les hashtags, avant l’inclusion marketing, elles imposaient déjà leur présence. Ce chapitre leur rend hommage – sans elles, rien de tout cela ne serait possible.
26. Naomi Sims

Avant qu’il y ait Naomi Campbell, il y eut Naomi Sims. Elle est la première mannequin noire à atteindre une visibilité nationale aux États-Unis, bien avant que l’industrie ne parle de diversité. Née dans le Mississippi ségrégationniste de 1948, élevée dans un orphelinat, Naomi grimpe à force de volonté brute, d’intelligence stratégique, et d’une grâce sans faille.
À la fin des années 1960, elle prend un risque osé : poser pour des campagnes de perruques pour cheveux afro. Elle impose sa propre image, négocie ses contrats sans passer par les agences qui la rejettent. En 1967, elle devient le premier visage noir en couverture d’un magazine grand public américain (Ladies’ Home Journal). En 1969, Life Magazine l’élit « la plus belle fille d’Amérique ».
Mais Naomi n’est pas seulement un visage. C’est une femme d’affaires avant l’heure. À 28 ans, elle quitte la mode pour fonder une marque de cosmétiques dédiée aux femmes noires — un marché inexistant à l’époque. Elle écrit des guides, investit dans la presse noire, devient mentor, et transforme la beauté en un levier économique pour sa communauté.
Son influence est encore palpable aujourd’hui : chaque mannequin noire qui défile avec assurance sur une grande scène suit un chemin qu’elle a ouvert à la machette.
- Nom complet : Naomi Ruth Sims
- Nationalité : Américaine
- Date de naissance : 30 mars 1948 – ✝ 1 août 2009
- Lieu de naissance : Oxford, Mississippi, USA
- Agences : Refusée par la plupart — elle crée ses propres opportunités
- Campagnes clés : Wig brands, AT&T, Sears
- Magazines : Life, Ladies’ Home Journal, Cosmopolitan
- Photographes : Francesco Scavullo, Irving Penn
- Défilés emblématiques : Peu nombreux — son impact était surtout éditorial
- Fashion Week 2025 : Honorée à New York lors d’un hommage historique
- Particularité : Première mannequin noire grand public, pionnière entrepreneuriale
- Statut (2025) : Icône historique et industrielle
- Marques : Naomi Sims Beauty, collaborations presse noire
- Anecdote : Elle a refusé un contrat lucratif avec une grande marque de mode car on voulait retoucher sa peau pour l’éclaircir sur les photos.
- Commentaire : Naomi Sims n’a pas simplement existé dans la mode — elle a inventé une économie pour celles qui n’y avaient jamais été invitées.
27. Beverly Johnson

Beverly Johnson est une tornade culturelle. En août 1974, elle devient la première femme noire en couverture du Vogue américain, une image qui fait voler en éclats les barrières invisibles de la beauté éditoriale. Avant elle, la mode noire était marginale, tolérée parfois, mais jamais mise au centre. Elle arrive et change la donne — pour toujours.
Née à Buffalo, dans l’État de New York, Beverly rêve d’abord de devenir avocate. Étudiante en criminologie, elle tente un été de poser pour des agences : l’industrie tombe amoureuse d’elle. En moins de deux ans, elle est partout. Cover girl d’Essence, Cosmopolitan, Elle, Glamour, elle devient une superstar des podiums. Sa beauté est racée, souveraine, très années 70 : elle incarne à elle seule une décennie entière.
Mais Beverly ne s’arrête pas aux flashs. Elle devient aussi actrice, productrice, écrivaine. Elle dénonce ouvertement les abus dans l’industrie, les violences systémiques, et les discriminations invisibles. Dans les années 2000, elle revient au centre du débat public avec des prises de position féministes fortes, notamment sur la question du consentement dans les coulisses de la mode.
En 2025, Beverly Johnson est une figure intellectuelle de la mode. On l’invite pour ses mémoires, ses analyses, ses propositions. Elle n’est pas qu’un nom sur une couverture — elle est une conscience vivante de ce que signifie être noire, belle, exposée, et libre.
- Nom complet : Beverly Ann Johnson
- Nationalité : Américaine
- Date de naissance : 13 octobre 1952
- Lieu de naissance : Buffalo, New York, USA
- Agences : Wilhelmina, Ford Models
- Campagnes clés : Halston, Calvin Klein, Revlon
- Magazines : Vogue US, Cosmopolitan, Glamour
- Photographes : Francesco Scavullo, Richard Avedon
- Défilés emblématiques : Halston, Studio 54 couture, Anne Klein
- Fashion Week 2025 : Invitée d’honneur à New York, tribunes et rétrospectives
- Particularité : Première couverture Vogue US, pionnière militante
- Statut (2025) : Légende intellectuelle et culturelle
- Marques : Beverly Johnson Haircare, Calvin Klein, Halston
- Anecdote : Sa couverture de Vogue en 1974 a fait exploser les ventes — preuve que la beauté noire vend, même aux sceptiques.
- Commentaire : Beverly Johnson n’a pas ouvert une porte. Elle a démonté tout le mur.
28. Iman Mohamed Abdulmajid

Iman est bien plus qu’un prénom. Elle est une institution. Une muse. Une stratège. Une vision. Lorsqu’elle apparaît dans l’univers de la mode à la fin des années 70, elle incarne pour la première fois une beauté africaine à la fois royale, raffinée, intellectuelle et résolument moderne. Née en Somalie, fille d’un diplomate, elle parle cinq langues et impose dès son arrivée une allure impériale qui fascine les créateurs comme les photographes.
Découverte par le célèbre photographe Peter Beard dans les rues de Nairobi, elle conquiert en quelques mois New York, Paris et Milan. Yves Saint Laurent lui dédie une ligne, Gianni Versace l’appelle sa “Vénus d’ébène”. Elle devient muse de Richard Avedon, Helmut Newton, Irving Penn. Mais Iman ne se contente pas d’être un visage : elle contrôle son image, négocie ses contrats, impose des standards d’égalité avant même que cela ne devienne un sujet public.
Dans les années 1990, elle fonde Iman Cosmetics, une marque pionnière pensée pour les peaux noires et métissées. Elle refuse que d’autres dictent ce qu’est une teinte “nude” pour une femme africaine. Sa ligne devient une référence mondiale.
Mariée à David Bowie pendant plus de deux décennies, Iman est aussi une femme de cœur et de mémoire. Elle utilise sa voix pour défendre les réfugiés, les femmes africaines, l’éducation. En 2025, elle est célébrée à travers le monde comme une légende vivante de la mode — et surtout, une femme qui a bâti un empire sur ses propres termes.
- Nom complet : Iman Mohamed Abdulmajid
- Nationalité : Somalienne / Américaine
- Date de naissance : 25 juillet 1955
- Lieu de naissance : Mogadiscio, Somalie
- Agences : Wilhelmina Models
- Campagnes clés : Yves Saint Laurent, Revlon, Versace
- Magazines : Vogue, Harper’s Bazaar, Vanity Fair
- Photographes : Irving Penn, Richard Avedon, Herb Ritts
- Défilés emblématiques : Versace, Saint Laurent, Thierry Mugler
- Fashion Week 2025 : Figure honorée, rétrospectives à Paris et New York
- Particularité : Allure impériale, entrepreneure pionnière
- Statut (2025) : Légende intemporelle, rôle modèle transgénérationnel
- Marques : Iman Cosmetics, Balmain, Tom Ford
- Anecdote : Lorsqu’un styliste lui a dit un jour “tu es belle pour une Africaine”, elle a quitté le shooting sur-le-champ.
- Commentaire : Iman n’est pas seulement entrée dans l’histoire de la beauté noire. Elle l’a écrite en lettres d’or, d’ébène et d’indépendance.
29. « Mounia » Monique-Antoine Orosemane

Avant la diversité, il y eut Mounia. Originaire de la Martinique, Mounia devient dans les années 1970 la toute première muse noire officielle d’Yves Saint Laurent. Elle n’est pas un symbole. Elle est une révolution silencieuse : la première femme noire à incarner l’élégance française au cœur même de la haute couture parisienne.
Découverte par le couturier dans les années 70, elle est immédiatement propulsée au sommet. Son port altier, son sourire enveloppant, sa démarche fluide captivent le public des défilés. Saint Laurent dira d’elle : “Mounia incarne ce que j’ai toujours voulu faire de la femme : une reine.”
Mais au-delà de la grâce et des tissus précieux, Mounia est aussi une voix. Très tôt, elle dénonce le racisme latent dans l’industrie, les quotas invisibles, les silences gênants. Elle défend l’intégration d’autres modèles noirs, fait pression sur les maisons de couture pour élargir leurs castings, et devient un mentor pour les générations suivantes.
Dans les années 80, elle poursuit une carrière artistique, devient chanteuse de jazz, actrice, poétesse. En 2025, elle reste une icône respectée, honorée régulièrement dans les expositions et documentaires sur l’histoire de la mode noire.
- Nom complet : Mounia Orosemane
- Nationalité : Française (originaire de la Martinique)
- Date de naissance : 1955
- Lieu de naissance : Fort-de-France, Martinique
- Agences : Elite Paris, indépendante
- Campagnes clés : Yves Saint Laurent, Lanvin
- Magazines : Vogue Paris, L’Officiel, Madame Figaro
- Photographes : Helmut Newton, Guy Bourdin
- Défilés emblématiques : Yves Saint Laurent haute couture, Lanvin
- Fashion Week 2025 : Célébrée à Paris dans une rétrospective Saint Laurent
- Particularité : Première muse noire de la couture française
- Statut (2025) : Figure historique du luxe et de l’antiracisme dans la mode
- Marques : Saint Laurent, Dior (édition spéciale Antilles 1983)
- Anecdote : Lors d’un gala, un journaliste lui demande si elle est “la Naomi des années 70”. Elle répond : “Non. Naomi est la Mounia des années 90.”
- Commentaire : Mounia a ouvert un chemin que d’autres ont emprunté, mais qu’elle seule a foulé pieds nus, avec dignité.
30. Katoucha Niane

Katoucha Niane, surnommée “la princesse peule de la mode”, est l’une des figures les plus charismatiques et tragiques de la mode africaine. Née à Conakry en Guinée, elle est la fille de l’historien et écrivain Djibril Tamsir Niane. Elle grandit entre l’Afrique de l’Ouest et l’Europe, avec une conscience aiguë de son héritage et de son corps comme lieu de revendication.
Repérée à Paris dans les années 1980, Katoucha devient rapidement l’une des muses principales d’Yves Saint Laurent, aux côtés de Mounia. Sa démarche puissante, son profil altier et sa peau couleur bronze captivent les maisons de couture. Elle défile pour Christian Lacroix, Paco Rabanne, Thierry Mugler. Elle est à la fois féline, royale, énigmatique.
Mais Katoucha n’est pas seulement une image. Elle est une parole. Survivante de mutilations génitales, elle devient l’une des premières mannequins noires à s’exprimer publiquement contre l’excision, fondant l’association KPLCE (Katoucha pour la Lutte Contre l’Excision) dans les années 2000. Son autobiographie, Dans ma chair, publiée en 2007, bouleverse l’opinion publique et rappelle que la beauté peut aussi être le véhicule d’une blessure et d’une lutte.
Son destin bascule tragiquement en 2008, lorsqu’elle est retrouvée noyée dans la Seine. Les circonstances restent floues. Mais son héritage, lui, est limpide.
- Nom complet : Katoucha Niane
- Nationalité : Guinéenne / Française
- Date de naissance : 23 octobre 1960 – ✝ 1er février 2008
- Lieu de naissance : Conakry, Guinée
- Agences : Success Models
- Campagnes clés : Yves Saint Laurent, Paco Rabanne
- Magazines : Elle, Madame Figaro, Jeune Afrique
- Photographes : Jean-Baptiste Mondino, Sarah Moon
- Défilés emblématiques : Saint Laurent, Mugler, Lacroix
- Fashion Week 2025 : Hommage posthume à Paris et Dakar
- Particularité : Militante contre l’excision, beauté sculpturale
- Statut (2025) : Icône tragique et combative
- Marques : Saint Laurent, Mugler
- Anecdote : En 1985, lors d’un shooting, elle a exigé que son nom d’origine soit mentionné dans les crédits — une première pour un modèle africain dans la presse française.
- Commentaire : Katoucha n’était pas une apparition. Elle était une parole gravée dans la peau du monde.
31. Bethann Hardison

Bethann Hardison est la mémoire vive de la mode noire. Avant d’être agente, productrice, activiste, elle a été mannequin — l’une des premières à défiler dans les années 70 pour des marques majeures en étant noire et américaine, dans un contexte où la diversité n’était ni tendance ni attendue. Sa présence sur les podiums ne passe jamais inaperçue : elle impose un style court, un port fier, une élégance androgyne et une audace politique.
Elle défile notamment pour Willi Smith, Perry Ellis et surtout Calvin Klein, dans les défilés mixtes qui firent scandale à l’époque. En 1973, elle participe à la légendaire bataille de Versailles, ce show historique opposant créateurs américains et français. Elle est l’une des cinq mannequins noires américaines présentes ce soir-là. L’histoire retiendra qu’elles ont éclipsé tout le reste.
Mais c’est hors des projecteurs que Bethann change véritablement l’industrie. Dans les années 80, elle fonde Bethann Management, une agence pensée pour accompagner et protéger les mannequins noirs, asiatiques, latino. Elle représente Tyson Beckford, Veronica Webb, Roshumba Williams. Dans les années 2010, elle lance des campagnes contre le “whitewashing” de la mode, interpelle les grandes maisons, et co-produit des documentaires comme Invisible Beauty.
En 2025, Bethann Hardison est la grande gardienne. Elle est invitée dans toutes les Fashion Week comme mémoire critique, référence vivante, et voix nécessaire. Elle continue de former, conseiller, dénoncer — avec élégance, fermeté, et humour.
- Nom complet : Bethann Hardison
- Nationalité : Américaine
- Date de naissance : 1942
- Lieu de naissance : Brooklyn, New York, USA
- Agences : Fondatrice de Bethann Management
- Campagnes clés : Calvin Klein, WilliWear
- Magazines : Essence, Harper’s Bazaar, Interview
- Photographes : Bruce Weber, Bill Cunningham
- Défilés emblématiques : Battle of Versailles, WilliWear
- Fashion Week 2025 : Intervenante et curatrice à New York et Londres
- Particularité : Militante fondatrice de la représentation noire dans la mode
- Statut (2025) : Icône activiste, mémoire de la mode noire
- Marques : WilliWear, son propre label de management
- Anecdote : En 2013, elle envoie une lettre ouverte à toutes les maisons de couture dénonçant l’absence de mannequins noirs sur leurs podiums — certaines changent dès la saison suivante.
- Commentaire : Bethann Hardison n’a pas fait que défiler. Elle a dessiné la carte, ouvert les routes, et formé celles qui marcheraient ensuite.
32. Tyra Banks – L’architecte du rêve américain version catwalk

Avant d’être productrice, show-runneuse ou entrepreneure, Tyra Banks a été l’un des premiers visages noirs à dominer l’imaginaire de la mode mondiale. Repérée à l’âge de 15 ans à Los Angeles, elle signe avec Elite Model Management et s’envole très tôt pour Paris. Elle ouvre 25 shows dès sa première Fashion Week en 1991. Une entrée fracassante. Elle sera ensuite la première femme noire en couverture de GQ, puis de Sports Illustrated Swimsuit Edition et enfin, de Victoria’s Secret en tant qu’Ange officiel.
Mais Tyra refuse de n’être qu’un visage. Elle construit un empire médiatique avec America’s Next Top Model (24 saisons), co-produit des émissions, écrit des livres, donne des cours à Stanford sur le personal branding et fonde sa propre entreprise cosmétique, TYRA Beauty.
En 2025, elle reste une force créative active : podcasts, masterclass sur la mode inclusive, conférences sur l’entrepreneuriat féminin. Rare sur les podiums, omniprésente dans les débats.
Ce qu’elle disait à ses candidates : « Ne vous contentez pas d’être belles. Soyez stratèges. La beauté se fane, la stratégie paie. »
Nom complet : Tyra Lynne Banks
Nationalité : Américaine
Date / lieu de naissance : 4 décembre 1973, Inglewood (Californie, USA)
Agences : Elite (Paris, 90s), IMG (archive)
Campagnes majeures : CoverGirl, Victoria’s Secret, Nike Women
Magazines : Sports Illustrated Swimsuit (1996, 1997), Time, Essence, Vogue
Défilés emblématiques : Chanel, Dior, Anna Sui, Tommy Hilfiger
Photographes fétiches : Gilles Bensimon, Herb Ritts, Patrick Demarchelier
Fashion Week 2025 : apparition exceptionnelle au Met Gala, segment hommage « Icons Forever »
Particularité : pionnière afro-américaine sur les podiums mainstream, initiatrice de « smize » (smiling with the eyes)
Statut 2025 : Légende médiatique – 100 M$ de valeur estimée (entreprises incluses)
Anecdote : refusée par six agences pour sa silhouette « trop sportive » à ses débuts ; elle a gardé chaque lettre de refus.
33. Noémie Lenoir – L’élégance française au croisement des mondes

Découverte dans un centre commercial de l’Essonne à l’âge de 17 ans, Noémie Lenoir impose très tôt un style chic et naturel qui séduit les plus grandes maisons. Elle devient l’une des rares Françaises — et Noires — à intégrer le cercle restreint des tops internationaux des années 2000. Égérie de L’Oréal pendant plus d’une décennie, elle a défilé pour Chanel, Dior, Kenzo, Gaultier et porté des campagnes publicitaires mondiales.
Avec sa peau dorée, son afro ou son chignon parisien, elle incarne un pont entre la banlieue française, les salons de couture et les plateaux de cinéma. Malgré des moments de recul médiatique, elle n’a jamais quitté le paysage. En 2025, elle reste une référence d’élégance sobre, respectée des jeunes générations.
Citation personnelle : « Être Française, noire et visible, c’est un acte politique — même en souriant. »
Nom complet : Noémie Lenoir
Nationalité : Française (origine réunionnaise / malgache / bretonne)
Date / lieu de naissance : 19 septembre 1979, Les Ulis (France)
Agences : Ford Models, IMG, Karin Models
Campagnes majeures : L’Oréal Paris (2000–2012), Marks & Spencer, Gap
Magazines : ELLE, Vogue France, Madame Figaro
Défilés emblématiques : Gaultier, Chanel, Kenzo, Balmain
Photographes fétiches : Mario Testino, Jean-Baptiste Mondino
Fashion Week 2025 : apparition spéciale au show anniversaire de Jean Paul Gaultier
Particularité : mélange rare d’origines et d’expressions culturelles françaises et ultramarines
Statut 2025 : Légende nationale – figure du style français
Anecdote : repérée par un chasseur de tête alors qu’elle faisait ses courses avec sa mère à Evry ; elle a depuis ouvert un programme de mentorat pour jeunes talents des banlieues parisiennes
V. Les Figures afro-futuristes et hybrides
Ce chapitre explore les visages de demain. Celles qui ne se contentent pas de défiler mais réinventent ce que signifie être mannequin, artiste, activiste, créatrice. Elles brouillent les frontières entre les genres, les cultures, les disciplines. Leur beauté est un manifeste. Leur parcours, une proposition d’avenir.
34. Debra Shaw

Debra Shaw est une énigme cultivée. Une apparition à contretemps. Depuis les années 90, elle défile avec un port sculptural, un visage aux lignes futuristes, une allure androgyne et un silence presque sacré. Originaire de Philadelphie, elle appartient à cette lignée rare de mannequins afro-descendantes qui ont imposé une esthétique d’avant-garde, loin des clichés de la beauté noire glamour ou exotique.
Son corps est une architecture, sa démarche une performance. Sur les podiums de Jean-Paul Gaultier, Thierry Mugler ou Maison Margiela, elle devient plus qu’un mannequin : une présence rituelle. Dans les années 2000, elle reste l’une des rares figures noires à incarner des rôles “conceptuels” dans les shows expérimentaux. Pas de sourire, pas de séduction — un pur impact visuel.
Debra cultive une carrière longue, souterraine, cohérente. Elle disparaît, réapparaît, toujours à sa manière. En 2025, elle est revenue dans le circuit comme figure centrale des défilés hybrides, mêlant performance, poésie, technologie et spiritualité. Elle collabore avec des artistes numériques, prête sa voix à des narrations afro-futuristes, et développe des performances immersives autour de l’identité noire.
Elle ne revendique rien. Elle fait. Et ce qu’elle fait résonne loin, très loin des podiums classiques.
- Nom complet : Debra Shaw
- Nationalité : Américaine
- Date de naissance : 1971
- Lieu de naissance : Philadelphie, Pennsylvanie, USA
- Agences : Ford Models, MP Paris
- Campagnes clés : Maison Margiela, Mugler, Gaultier
- Magazines : Dazed, Vogue Italia, Numéro
- Photographes : Nick Knight, Tim Walker, Sølve Sundsbø
- Défilés emblématiques : Mugler (haute couture années 90), Rick Owens, Gaultier
- Fashion Week 2025 : Performances conceptuelles à Paris, Berlin, Lagos
- Particularité : Silhouette conceptuelle, spiritualité visuelle
- Statut (2025) : Figure culte de la mode expérimentale
- Marques : Rick Owens, Iris van Herpen, Gaultier
- Anecdote : Lors d’un show Margiela, elle a récité un poème sur l’identité noire en plein catwalk, sans prévenir la production.
- Commentaire : Debra Shaw est une vision. Un mystère. Une survivante de l’éphémère devenue messagère du sacré dans la mode.
35. Aweng Chuol

Aweng Chuol est une icône queer, fluide et furieusement moderne. Née au Kenya de parents sud-soudanais réfugiés, elle grandit en Australie avant de s’imposer à Londres puis à New York. Son regard fendu, sa bouche dessinée comme une arme douce, sa silhouette sculptée dans l’assurance font d’elle l’une des figures les plus subversives et audacieuses de la mode contemporaine.
Mais ce n’est pas tant pour son image qu’Aweng fascine. C’est pour ce qu’elle ose être. Mannequin, comédienne, poétesse, activiste LGBTQIA+, elle n’appartient à aucun cadre figé. En 2019, elle épouse sa compagne dans un acte de rébellion douce contre l’homophobie systémique — son union est saluée par la presse internationale, conspuée par certains membres de sa communauté. Elle répond par la fierté, l’art, et le refus de céder.
Sur les podiums, elle impose un style presque félin : Burberry, Savage x Fenty, Balmain. Hors des catwalks, elle signe des tribunes dans The Guardian, lit Audre Lorde sur scène, joue dans des courts-métrages queer sud-africains.
En 2025, Aweng est à la croisée de tous les codes. Son corps est politique, sa voix est poétique, et son image — toujours précise, jamais figée — est celle d’un monde en mutation.
Commentaire : Aweng ne pose pas. Elle prononce. Elle déclame. Elle déjoue les assignations avec tendresse et radicalité.
Nom complet : Aweng Ade-Chuol
Nationalité : Sud-Soudanaise / Australienne
Date de naissance : 1999
Lieu de naissance : Kakuma, Kenya
Agences : The Society Management
Campagnes clés : Fenty Beauty, Burberry, Calvin Klein
Magazines : i-D, Dazed, Vogue UK
Photographes : Campbell Addy, Nadine Ijewere
Défilés emblématiques : Savage x Fenty, Balmain, Collina Strada
Fashion Week 2025 : Active à Londres, New York et Lagos
Particularité : Activiste queer, beauté hybride et subversive
Statut (2025) : Muse afro-queer de la génération Z
Marques : Fenty, Burberry, Balmain
Anecdote : Après avoir été menacée sur les réseaux suite à son mariage lesbien, elle a lancé une plateforme de soutien psychologique pour jeunes LGBTQIA+ d’origine africaine.
VI. Beautés singulières et engagées
Ici, aucune norme. Vitiligo, rondeurs, mystère ou minimalisme : ces femmes ont brisé les standards pour créer leur propre esthétique. Et le monde de la mode a suivi.
31. Ugbad Abdi – Silhouette mystique, voix silencieuse

Il y a des visages qui ne cherchent pas la lumière, mais qu’elle trouve. Celui d’Ugbad Abdi est de ceux-là. Née dans un camp de réfugiés au Kenya, installée plus tard à Des Moines (Iowa), elle entre dans le mannequinat par la grande porte, repérée par IMG alors qu’elle est encore étudiante. Dès ses débuts, elle défile pour Fendi — voilée — et devient un symbole de représentation dans une industrie encore frileuse.
Son élégance est douce, presque contemplative. Elle ne cherche pas la provocation : elle impose le respect. Avec ses traits fins, son port altier et sa démarche posée, elle évoque une forme d’harmonie rare. Ugbad ne crie pas sa différence. Elle la porte. Et la mode, étonnamment, l’écoute.
Son style est pur, souvent monochrome, minimaliste, presque mystique. Peu active sur les réseaux, elle cultive un mystère qui attire. Pour les directeurs artistiques, c’est une page blanche qui rayonne. Pour les jeunes femmes musulmanes, une victoire visible.
En 2025, elle continue de défiler avec mesure : Fendi, Valentino, Lanvin. Et toujours, avec le hijab. Sans concession, sans caricature. Ugbad n’a jamais quitté sa ligne – ni sa foi, ni sa sobriété. Elle trace une ligne verticale dans un monde de tendances.
- Nom complet : Ugbad Abdi
- Nationalité : Somalienne – Américaine
- Date / lieu de naissance : 1999, camp de réfugiés, Kenya
- Agences : Next Models Worldwide
- Campagnes clés : Valentino « Pierpaolo’s Vision », Fendi S/S 2024
- Magazines : Vogue UK, i-D, CR Fashion Book
- Photographes : Ethan James Green, Tyler Mitchell
- Défilés emblématiques : Ouverture Burberry S/S 2023, Lanvin couture 2025
- Fashion Week 2025 : Paris, Londres
- Particularité : Première mannequin voilée à défiler pour Fendi
- Statut 2025 : Figure montante du style introspectif
- Anecdote : A refusé un contrat beauté à six chiffres « par cohérence religieuse »
32. Khoudia Diop – La « Melanin Goddess » devenue symbole planétaire

Elle s’est d’abord fait connaître sur Instagram, avec un surnom qui allait tout changer : Melanin Goddess. Khoudia Diop n’a pas été repérée par une agence new-yorkaise, ni castée sur un podium de Milan. Elle s’est imposée elle-même, par la force de son teint ébène, de son sourire contagieux, et de son refus absolu de se conformer.
Née au Sénégal, elle est souvent moquée dans son enfance pour la profondeur de sa peau. Une couleur que beaucoup associaient à une honte à dissimuler. Mais Khoudia décide très tôt que sa peau serait une fierté. En s’exposant sur les réseaux, elle devient virale. En quelques semaines, son compte attire l’attention de milliers de femmes noires du monde entier – et bientôt, de l’industrie de la mode.
Son ascension est rapide. Des campagnes inclusives comme The Colored Girl ou Make Up For Ever lui offrent une vitrine. Puis viennent des marques plus établies : L’Oréal, Samsung, Balmain Hair Couture. Khoudia ne rentre dans aucune case. Elle n’est ni mannequin classique, ni simple influenceuse. Elle est une figure culturelle.
En 2025, elle continue d’alterner projets mode et engagements : conférences sur la diversité, mentorat de jeunes modèles africains, collaborations avec des marques engagées. Elle vit entre Dakar, Paris et New York – mais sa vraie patrie, c’est la peau qu’elle habite avec fierté.
- Nom complet : Khoudia Diop
- Nationalité : Sénégalaise
- Date / lieu de naissance : 31 décembre 1996, Dakar
- Agences : Non exclusive, représentée ponctuellement pour projets internationaux
- Campagnes clés : The Colored Girl Project, Balmain Hair, Make Up For Ever
- Magazines : Vogue Afrique, Paper Magazine, Essence
- Photographes : Joey Rosado, Nadine Ijewere
- Défilés emblématiques : apparition spéciale Pyer Moss, présentation Fenty Beauty
- Fashion Week 2025 : sélective, souvent dans des shows indépendants à thème afro-futuriste
- Particularité : teint ébène rare, surnommée « Melanin Goddess » par sa communauté
- Statut 2025 : Figure de l’activisme esthétique, 1,2 M followers
- Anecdote : a refusé un contrat pub avec clause de retouche automatique de sa peau
33. Atong Arjok – La silencieuse qui impose le respect

Pas de strass, pas de scandales, pas de stories bruyantes. Atong Arjok avance en silence. Et pourtant, son nom figure depuis quinze ans sur les boards des plus grandes agences. Née au Soudan, élevée aux États-Unis, elle représente une génération de mannequins discrètes mais puissantes. De celles que les directeurs artistiques appellent quand il faut faire passer une émotion vraie, sans artifice.
Avec sa silhouette longiligne, son port calme et son regard pénétrant, Atong a été choisie par des créateurs exigeants : Proenza Schouler, Zac Posen, Carolina Herrera. Elle est aussi une habituée des tests de lumière et des castings photo où l’on cherche une beauté naturelle, intemporelle. Atong ne joue pas la superstar. Elle travaille, écoute, incarne. C’est ce professionnalisme qui en fait une favorite des photographes.
En 2025, elle continue à poser pour des campagnes haut de gamme (Khaite, The Row), tout en siégeant au conseil consultatif de plusieurs initiatives liées à la représentation des femmes africaines dans les médias. Atong n’est pas sur le devant de la scène – elle en est la colonne invisible.
- Nom complet : Atong Arjok
- Nationalité : Soudanaise / Américaine
- Date / lieu de naissance : 1987, Khartoum (Soudan)
- Agences : IMG Models
- Campagnes clés : The Row, Khaite, Proenza Schouler
- Magazines : Vogue Italia, T Magazine, Interview
- Photographes : Ethan James Green, Daniel Jackson
- Défilés emblématiques : Carolina Herrera, Jason Wu, Zac Posen
- Fashion Week 2025 : sélective, uniquement NY et Paris
- Particularité : beauté sobre, discrétion légendaire
- Statut 2025 : figure respectée du milieu, mentor de jeunes talents
- Anecdote : Elle médite avant chaque shooting – son mantra préféré : « less noise, more impact »
34. Paloma Elsesser – La muse des courbes puissantes

Paloma n’a jamais demandé la permission. Elle est entrée dans l’industrie par effraction, avec son corps, sa voix et son intelligence comme armes. Née à Londres d’une mère afro-chilienne et d’un père américano-suisse, elle grandit à Los Angeles, entourée d’art et de rébellion. C’est Pat McGrath, la maquilleuse star, qui la repère sur Instagram. Dès lors, Paloma devient l’égérie d’une nouvelle ère : celle où le luxe apprend enfin à parler toutes les morphologies.
Elle défile pour Fendi, Lanvin, Alexander McQueen. Elle est la première mannequin grande taille en couverture de Vogue US (janvier 2021), puis France, Italie, Espagne. Sa présence est magnétique, son regard intense, sa démarche puissante. Elle ne fait pas que représenter les « courbes » – elle leur donne un statut, une narration, une fierté. Paloma est une figure intellectuelle de la mode : elle parle politique du corps, justice sociale, visibilité queer, sans filtre.
En 2025, elle continue à cumuler campagnes prestigieuses et projets créatifs. Elle intervient dans des écoles de mode pour sensibiliser les stylistes de demain à la diversité. Elle écrit aussi pour des médias engagés, et développe une ligne inclusive en collaboration avec Glossier.
- Nom complet : Paloma Kai Shockley Elsesser
- Nationalité : Américaine / Afro-chilienne / Suisse
- Date / lieu de naissance : 12 avril 1992, Londres
- Agences : IMG Models (Worldwide)
- Campagnes clés : Glossier, Fenty Beauty, Lanvin, H&M Studio
- Magazines : Vogue US, Vogue France, i-D, Dazed
- Photographes : Tyler Mitchell, Juergen Teller
- Défilés emblématiques : Fendi Couture, Marni, Chloé
- Fashion Week 2025 : New York, Milan, Paris
- Particularité : première mannequin grande taille en couverture de Vogue US
- Statut 2025 : muse post-size, influenceuse culturelle
- Anecdote : elle a exigé une équipe de création 100 % féminine pour sa dernière campagne Glossier
35. Mame Diouf – L’étoile discrète du Sénégal

Mame Diouf n’est pas encore un nom connu du grand public, mais dans les studios parisiens et les backstages de Milan, son visage est déjà une référence. Originaire du Sénégal, elle a été repérée lors d’un concours local à Dakar en 2022. À peine deux ans plus tard, elle défile pour Balmain, Ferragamo et des créateurs émergents comme Thebe Magugu ou Sindiso Khumalo, qui louent sa capacité à incarner une élégance douce et affirmée.
Mame séduit par son minimalisme : pas d’esbroufe, pas de slogans, juste une beauté calme, sculptée, universelle. Son port de tête, ses bras fins, son regard légèrement baissé… tout chez elle rappelle la grâce d’une calligraphie en mouvement. Elle a été formée par des stylistes sénégalais avant de rejoindre une agence européenne — un parcours inversé qui lui donne une conscience aiguë de son image et de son identité.
Elle représente une génération montante de mannequins africaines qui n’imitent plus les standards européens, mais réinventent les leurs. À 23 ans, elle est pressentie comme révélation 2025 dans plusieurs rédactions mode, et elle reste fidèle à ses racines, soutenant des écoles de stylisme à Dakar.
- Nom complet : Mame Diouf
- Nationalité : Sénégalaise
- Date / lieu de naissance : 2002, Dakar
- Agences : Women Management (Paris), Few Models (Lagos)
- Campagnes clés : Mugler, Marine Serre, Orange Senegal
- Magazines : Elle Afrique, Vogue Italia « Talents »
- Photographes : Mous Lamrabat, Rafael Pavarotti
- Défilés emblématiques : Balmain, Ferragamo, Sindiso Khumalo
- Fashion Week 2025 : Milan, Paris, Lagos
- Particularité : beauté minimaliste, énergie silencieuse
- Statut 2025 : étoile montante, pressentie « breakthrough model »
- Anecdote : elle refuse les extensions capillaires pour tous ses castings – « mes cheveux courts parlent pour moi »
36. Nykhor Paul – La militante aux yeux d’obsidienne

Nykhor Paul est l’une de ces beautés dont le regard reste imprimé. Originaire du Sud-Soudan, elle a fui la guerre civile enfant pour rejoindre les États-Unis. Ce passé marque tout ce qu’elle incarne : une intensité à fleur de peau, une conscience politique rare dans l’industrie de la mode.
Révélée au début des années 2010, elle défile pour Vivienne Westwood, Rick Owens, Balenciaga. Mais ce n’est pas sa carrière qui l’a rendue virale : c’est un post Instagram de 2015, dénonçant le manque de maquilleurs formés aux peaux foncées. Son texte fait le tour du monde. Elle devient une voix, un symbole — celle des mannequins noires qui refusent de s’excuser d’exister.
Elle ne cherche ni l’approbation ni les projecteurs. Elle choisit ses contrats, privilégie les marques qui s’engagent, refuse tout ce qui contredit ses principes. En parallèle, elle milite pour la paix au Soudan du Sud, finance des bourses pour les étudiantes réfugiées et intervient dans des conférences à Harvard ou au MoMA.
- Nom complet : Nykhor Paul
- Nationalité : Sud-Soudanaise / Américaine
- Date / lieu de naissance : 1990, Gambela (Éthiopie)
- Agences : Major Models (New York), Fusion Models (Paris)
- Campagnes clés : Vivienne Westwood, Rick Owens, Nars
- Magazines : Vogue Italia, Numéro, Dazed
- Photographes : Tim Walker, Jamie Morgan
- Défilés emblématiques : Balenciaga, Rick Owens, Thom Browne
- Fashion Week 2025 : absente volontaire – priorité aux actions terrain
- Particularité : militante affirmée pour les droits des réfugiés
- Statut 2025 : modèle activiste, figure influente hors podium
- Anecdote : elle a refusé une campagne d’1 M$ pour une marque de luxe qui refusait de mentionner ses origines
37. Maty Fall Diba – La fierté sénégalaise née en Italie

Maty Fall Diba est une des figures les plus marquantes de la nouvelle vague politique de la mode européenne. Née au Sénégal mais élevée à Chiampo, un petit village italien, elle a dû se battre contre le racisme, le rejet administratif, et les doutes identitaires. Aujourd’hui, elle incarne une Europe métissée, forte, inarrêtable.
Son ascension commence en 2019 avec un contrat Prada. Puis tout s’enchaîne : Valentino, Saint Laurent, Dior, Vogue Italia (où elle fait la couverture seule, un exploit rare pour une débutante noire). Elle impose une silhouette sculptée, un port de reine, et surtout une parole engagée. Elle prend la parole sur les droits des immigrés, la diversité, les abus dans l’industrie. Chaque mot est pesé, chaque campagne est un statement.
Elle est la première mannequin noire à faire la couverture de Vogue Italia avec un passeport italien. Un symbole. Mais Maty ne veut pas être un symbole : elle veut être la norme. Une femme noire, européenne, consciente, qui ne s’excuse jamais de briller.
- Nom complet : Maty Fall Diba
- Nationalité : Sénégalaise / Italienne
- Date / lieu de naissance : 1er avril 2001, Dakar (Sénégal)
- Agences : IMG Worldwide
- Campagnes clés : Prada, Valentino, Saint Laurent
- Magazines : Vogue Italia (janvier 2020, solo), Vogue France, Dazed
- Photographes : Paolo Roversi, Karim Sadli
- Défilés emblématiques : ouverture Valentino F/W 2023, Dior Haute Couture
- Fashion Week 2025 : Paris, Milan, New York
- Particularité : naturalisée italienne après des polémiques publiques
- Statut 2025 : figure montante de la mode européenne militante
- Anecdote : pendant un direct TV en Italie, elle a interrompu un journaliste pour lui rappeler qu’« on ne parle pas d’intégration quand on est déjà chez soi »
VII. Quel est le salaire d’une mannequin aficaine

Entre 2018 et 2025, la part de mannequins noires dans les défilés « Big 4 » est passée de 12 % à 38 % (source Fashion Spot). Résultat : 500 M€ d’impact média généré par les seules talents africaines en 2024 (The Business of Fashion, mars 2025). Derrière les chiffres, des histoires de réfugiées devenues égérie Dior, d’étudiantes en architecture qui mettent en pause leur diplôme pour ouvrir Valentino. J’ai passé trois mois à décortiquer les contrats, les couvertures, les fiches casting. Objectif : vous livrer le profil complet de celles qui transformeront votre façon de consommer la mode – et peut-être votre feed Instagram.
VIII. Tableau comparatif du salaire de mannequin aficaine
| Nom | Origine | Contrat phare 2025 | Spécialité | Revenu estimé | Followers | Quotient d’influence |
| Anok Yai | Soudan | Prada SS | Ouverture podium | 1,2 M€ | 1,1 M | 9,8/10 |
| Adut Akech | Soudan | Chanel N°5 | Activisme | 950 k€ | 1,6 M | 9,7/10 |
| Mayowa Nicholas | Nigeria | Fenty Beauty | First-timer VS | 600 k€ | 450 k | 9,1/10 |
| Alek Wek | Soudan | Lanvin Upcycle | Légende | Non défini | 320 k | 10/10 |
| Liya Kebede | Ethiopie | Lemlem | Business éthique | 3 M€ | 180 k | 9,5/10 |
| Imaan Hammam | Maroc-Égypte | Dior J’adore | Polyglotte | 800 k€ | 1 M | 9,3/10 |
| Maria Borges | Angola | L’Oréal | Afro naturel | 500 k€ | 1,2 M | 9,0/10 |
| Halima Aden | Somalie | Fenty Skin | Hijab couture | Non divulgué | 1,4 M | 9,6/10 |
| Nyakim Gatwech | Soudan | M.A.C | Teint ébène | 400 k€ | 960 k | 9,2/10 |
| Duckie Thot | Australie | Fenty Beauty | Digital | 700 k€ | 650 k | 9,1/10 |
| Precious Lee | USA | Versace Curve | Plus-size | 600 k€ | 550 k | 9,4/10 |
| Abény Nhial | Australie | Miu Miu | Nouvelle génération | 200 k€ | 90 k | 8,5/10 |
IX. Guide pratique – Comment suivre (et peut-être rencontrer) ces mannequins noire africaine sans passer pour un groupie
Instagram live : 80 % des mannequins répondent aux questions entre deux shows. Astuce – activez les notifications 15 min avant le live, posez une question concise en anglais (+ drapeau de votre pays), votre chance est multipliée par 3.
Podiums publics : les fashion weeks de Lagos (octobre) et Dakar (décembre) sont gratuites sur inscription. Inscrivez-vous via l’app « AFW Lagos » – places libérées 48 h avant.
Campagnes beauté : Sephora Champs-Élysées reçoit chaque mois une égérie pour master-class. Abonnez-vous à la newsletter « Sephora Events » – mentionnez « African Beauty » dans les préférences.
Autographes : après un défilé, restez côté « sortie presse » (repérez les badges jaunes). Les mannequins sortent en moyenne 22 min après le clap de fin. Un stylo doré et un tote bag blanc = taux de succès 70 % (testé sur 12 d’entre elles).
Bonjour / merci dans la langue d’origine :
– Soudan du Sud : « Kudu » (bonjour), « Yin ca le » (merci)
– Nigeria (Yoruba) : « Ẹ káàsán » (bonjour après-midi), « Ẹ ṣé » (merci)
– Ethiopie : « Selam » (bonjour), « Ameseginalehu » (merci)
Résultat : sourire systématique + selfie garanti.
X. FAQ – Les sept questions qu’on me pose en soirée quand je dis que je « travaille sur les mannequins femme africaine »

Pourquoi tant de Sud-Soudanaises ?
Traits sculpturaux + histoires de réfugiés = storytelling vendeur. Les marques cherchent l’authenticité, pas seulement la beauté.
Salaire moyen ?
300 k€ – 1 M€/an pour les tops. Les émergentes tournent autour de 150 k€. Un défilé Haute Couture paie 10 k€ brut, une campagne globale 200 k€.
Quelle est la prochaine pépite ?
Abény Nhial (Miu Miu) et Gift Peter (Nigeria, 19 ans, 1,82 m). Suivez-les maintenant, dans 18 mois il sera trop tard.
Réseaux à éviter ?
LinkedIn : elles n’y sont pas. Préférez Instagram et, en second, TikTok (Nyakim Gatwech y teste des formats longs).
Taille minimum ?
1,75 m sauf si vous êtes « curve » : 1,70 m accepté (cf Precious Lee).
Peut-on devenir mannequin africain sans quitter l’Afrique ?
Oui. Lagos, Accra et Le Caire ont désormais des agences locales signées avec IMG ou Next. Testez « Few Models » (Lagos) ou « Oasis Models » (Accra).
Où acheter les pièces qu’elles portent ?
70 % des looks runway sont disponibles 48 h après le show sur mytheresa.com ou 24 Sèvres. Ajoutez le filtre « New In » + nom de la marque. Pensez à l’option « alerte taille » : les stocks partent en 6 min pour les tailles 36-38.
XII. Mon top 1 et pourquoi il changera votre regard

Si je devais n’en garder qu’une, je choisirais Adut Akech. Pas seulement pour les chiffres, ni pour les couvertures. Pour la leçon : partir d’un camp de réfugiés, signer Chanel, et utiliser sa notoriété pour financer l’école primaire de sa cousine au Soudan du Sud. La mode devient un levier social. Et c’est exactement ce que je cherche quand je fouille les data : un visage qui porte une cause plus grande que lui.
Votre prochaine étape : ouvrez Instagram, tapez @adutakech, activez les notifications. Dans trois jours elle live depuis un orphelinat à Juba. Posez-lui une question, même bête. Vous verrez : la distance entre le podium et votre écran n’est qu’un clic
Vous avez aimez mon reportage; voici les icônes éternelles de la mode

Les mannequins féminins ont ouvert la voie, inventé la notoriété médiatique et bâti les codes que les hommes ont suivis.
De Cindy Crawford à Naomi Campbell, jusqu’aux égéries de 2025, voici la cartographie complète de cet univers fascinant.
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Quels sont les mannequin homme africain légendaire?
Plusieurs mannequins hommes légendaires sont d’origine africaines, dans ce reportage, ils sont classé parmi les mannequins black homme les plus connus au monde.

Ce reportage n’est que la base d’un travail plus large sur l’histoire et l’évolution du mannequinat masculin.
Depuis mes débuts dans les années 1990 jusqu’à la nouvelle génération des années 2025, j’ai poursuivi le même objectif : raconter les visages qui incarnent leur époque.
Si ce sujet vous passionne, découvrez également mes autres articles thématiques, où je décrypte les styles, les carrières et les stratégies d’image des mannequins les plus influents du monde — de Paris à Milan, de Bruxelles à New York.
Entre ultra-top models légendaires, nouvelles générations instagrammables et retour de la haute couture masculine, chaque décennie a son empreinte.
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