Comment définir l’homme Haute Couture ? De l’icône à la génération Z

I. Les icônes intemporelles : l’élégance comme résistance

Ils ont traversé les décennies sans que la mode ne les use. Ces hommes, devenus presque des archétypes, ont incarné une époque avant de devenir des repères. En 2025, alors que la mode masculine s’ouvre à la diversité et à l’expérimentation, ces visages des années 1990 et 2000 rappellent une vérité simple : la force d’un style ne tient pas à la nouveauté, mais à la constance.
Les “icônes intemporelles” ne sont pas figées : elles évoluent avec le monde, mais sans jamais se dissoudre dans les tendances.

1. David Gandy — la constance du tailoring britannique

Il n’a jamais eu besoin de crier son élégance.
David Gandy, 45 ans, c’est le calme souverain d’un costume parfaitement ajusté, le charme d’une chemise blanche sous le soleil de Capri. En 2006, Dolce & Gabbana le propulse sur le devant de la scène avec la campagne Light Blue, shootée par Mario Testino : l’image d’un Apollon méditerranéen en slip blanc, regard d’acier, torse ruisselant. Depuis, le cliché est devenu patrimoine visuel.

En 2025, Gandy demeure un pilier du style “heritage”. Égérie de Marks & Spencer, chroniqueur pour GQ UK, ambassadeur de la British Fashion Council, il promeut une masculinité apaisée, cultivée, ancrée.
Sa force ? La fidélité à une grammaire esthétique claire : sobriété, tailoring, et rigueur.

“L’élégance, c’est savoir quand s’arrêter”, confie-t-il souvent.

Lecture critique : Gandy représente la permanence du classicisme dans une époque liquide. Dans un monde de sneakers et d’oversize, il impose le calme d’un revers bien repassé.
Conseil style : investissez dans une veste parfaitement coupée ; elle remplace dix tendances.

2. Tyson Beckford — la légende noire de Ralph Lauren

Si la mode masculine a un visage historique, c’est peut-être celui de Tyson Beckford.
Quand il devient l’égérie de Polo Ralph Lauren dans les années 1990, il bouleverse tout : pour la première fois, un mannequin noir incarne le rêve américain WASP. Son regard fauve, son port de tête, sa silhouette athlétique bousculent une industrie encore frileuse face à la diversité.

Trente ans plus tard, il reste une référence. En 2025, Beckford collabore à une collection capsule pour Ralph Lauren revisitée autour de ses archives, mêlant sportswear et tailoring. Il se pose aussi en mentor auprès des jeunes modèles afrodescendants.

Lecture critique : Beckford est l’un des rares mannequins masculins à avoir transformé son image en mouvement social. Là où d’autres vendent des vêtements, lui vend un droit à exister sur le même piédestal.
Conseil style : pour canaliser cette élégance sportive : polo en maille fine, blazer sable, chaîne discrète – le luxe tranquille des années 90 revisité.

3. Mark Vanderloo — le visage éternel du corporate chic

Son visage a été reproduit dans des millions de publicités, de panneaux et même de jeux vidéo (son faciès inspira le héros de Mass Effect).
Mark Vanderloo, Néerlandais à la mâchoire d’acier, est l’homme qui fit de Hugo Boss un empire de sobriété. De Calvin Klein à Armani, son image a accompagné toute une génération d’hommes de bureaux cherchant à être impeccables sans excès.

Aujourd’hui encore, les grandes maisons le rappellent ponctuellement pour incarner la maturité élégante. Ses campagnes Hugo Boss de 2025 prônent la simplicité, le noir, le blanc et le gris : un triptyque esthétique devenu manifeste.

Lecture critique : Vanderloo a transformé la neutralité en autorité. Il ne séduit pas : il impose. C’est la version masculine du minimalisme allemand.
Conseil style : chemise immaculée, cravate fine, regard droit. Tout est une question d’attitude.

4. Jon Kortajarena — la passion européenne

C’est l’un des rares mannequins à avoir franchi la barrière du cinéma sans perdre sa crédibilité mode.
Jon Kortajarena, 40 ans, Espagnol solaire, débute à 18 ans avec Just Cavalli avant d’enchaîner Versace, Armani, Chanel, H&M. Tom Ford en fera son acteur fétiche dans A Single Man (2009).
En 2025, il continue de concilier campagnes (Tom Ford Beauty, H&M Conscious) et engagement environnemental.

Lecture critique : Kortajarena a su transformer le glamour latin en élégance consciente. Là où d’autres usent leur image, il l’épure.
Conseil style : blazer en lin beige, chemise ouverte, lunettes oversize — la dolce vita assumée, mais politique.

5. Alex Lundqvist — le calme scandinave

Il pourrait être l’antithèse de Beckford : moins flamboyant, plus discret, mais tout aussi durable.
Alex Lundqvist, Suédois révélé par Versace en 1997, incarne l’élégance silencieuse. Il fut le visage de Guess, de Lagerfeld et de Fendi. En 2025, il collabore à une collection capsule sur la longévité dans la mode, en partenariat avec la Swedish Fashion Council.

Lecture critique : Lundqvist rappelle que la beauté peut vieillir avec dignité. Sa présence prouve que la mode masculine a enfin accepté la maturité.
Conseil style : privilégier les tons froids — gris perle, marine, ardoise — et les coupes nettes.

Analyse de fond — pourquoi ces hommes durent

Ces mannequins partagent un secret commun : ils ont imposé un style signature identifiable, mais modulable.

• David Gandy : classicisme incarné.
• Beckford : identité et charisme.
• Vanderloo : neutralité dominante.
• Kortajarena : sensualité méditerranéenne.
• Schenkenberg : culte du corps.
• Lundqvist : sérénité nordique.

Leur constance, dans une industrie obsédée par le renouvellement, fait d’eux des marques humaines. En 2025, alors que la mode masculine se fragmente entre digital, inclusif et performatif, ces six hommes continuent de fixer un horizon : celui de la cohérence.

Ici, nous quittons la stabilité du classicisme pour entrer dans l’ère du geste, de la narration et de la scène. Ces mannequins ne défilent plus seulement : ils racontent quelque chose à chaque pas.

II. Les performeurs et storytellers : le corps comme manifeste

Le défilé n’est plus une simple traversée du podium. C’est une scène.
Depuis cinq ans, la haute couture masculine a fait du mouvement, de l’énergie et du geste chorégraphié sa nouvelle grammaire visuelle. Certains mannequins ont pris cette mutation au pied de la lettre. Ils ne “marchent” plus : ils interprètent. Ils transforment le vêtement en discours, le podium en performance, la mode en émotion.

Alton Mason, Leon Dame, Wisdom Kaye ou Lucky Blue Smith incarnent cette bascule : celle du mannequin narrateur, du performeur habité, du corps qui dit autant que les mots.

6. Alton Mason — l’homme qui dansait pour Chanel

Sa démarche est une signature. Son énergie, une onde.
Quand Alton Mason entre sur un podium, il ne marche pas : il improvise. Ses mouvements rappellent la danse, la transe, parfois le gospel. En 2018, il devient le premier mannequin noir à défiler pour Chanel. Depuis, il a arpenté les podiums de Louis Vuitton, Gucci, Balmain et Balenciaga, transformant chaque passage en chorégraphie.

En 2025, il n’est plus seulement modèle : il est icône. Élu cinq fois “Mannequin masculin de l’année” par Models.com, il vient de co-réaliser un court-métrage pour Dazed sur la spiritualité et le mouvement.
Il porte sur scène la conviction que la beauté masculine n’est pas dans la rigidité, mais dans la liberté de l’incarnation.

“Je ne défile pas, je prie à travers le vêtement”, confiait-il récemment.

Lecture critique : Alton Mason incarne la fusion totale de la mode et de la performance. Son corps devient un manifeste pour une masculinité libérée des cadres.
Conseil style : tissus fluides, pantalons taille haute, chemises ouvertes, bijoux mobiles — laissez le vêtement respirer avec vous.

7. Leon Dame — la marche qui a cassé Internet

Octobre 2019, Paris. Maison Margiela présente sa collection printemps-été sous la direction de John Galliano. En finale, un jeune Allemand longiligne entre sur scène : gestes nerveux, regard halluciné, démarche saccadée. Le public retient son souffle.
En 30 secondes, Leon Dame devient une légende. La vidéo de sa marche fait le tour du monde, cumulant des millions de vues.

Depuis, il a fait de cette intensité sa marque. En 2025, on le retrouve chez Louis Vuitton, Mugler et Dries Van Noten. Galliano lui confie régulièrement les moments-clés de ses shows, conscient qu’il apporte ce qu’aucun vêtement ne peut acheter : l’imprévisibilité.

Lecture critique : Leon Dame symbolise la rupture avec la mécanique du défilé. Il impose la fragilité comme nouvelle puissance. Il n’est pas “beau” au sens classique — il est expressif, viscéral, presque punk.
Conseil style : osez les coupes anguleuses, les vestes croisées désaxées, les contrastes de textures — tout ce qui crée du mouvement dans l’immobilité.

8. Wisdom Kaye — du TikTok au front row de Balmain

Sa success story résume une époque.
Wisdom Kaye, Texan de 24 ans, commence par poster des vidéos stylisées sur TikTok : il y assemble des looks futuristes, mélangeant Balenciaga, Prada et vêtements vintage. En 2022, Vogue le surnomme “l’homme le mieux habillé de TikTok”. Trois ans plus tard, il est sur les podiums de Balmain, Fendi et Ferragamo, prouvant qu’un influenceur peut devenir mannequin de haute couture sans renier son authenticité.

Ce qu’il incarne, c’est la convergence du digital et du luxe. Là où d’autres cherchent la perfection, lui cultive la narration. Il raconte ses looks, contextualise ses choix, explique la psychologie des vêtements.
Ses défilés sont des masterclass de storytelling vestimentaire.

Lecture critique : Wisdom Kaye fait entrer la mode masculine dans le champ de la conversation. Il n’impose pas un style, il le partage.
Conseil style : travaillez la verticalité : pantalons amples, chemises toniques, col roulé coloré — le tout articulé autour d’une pièce maîtresse.

9. Lucky Blue Smith — de l’enfant prodige à l’icône mature

Il avait douze ans lorsqu’il a signé chez Next Models. À quatorze, il défilait déjà pour Saint Laurent. À seize, il figurait en couverture de Vogue Homme.
Avec sa chevelure platine et son allure d’ange rock, Lucky Blue Smith a longtemps été le visage d’une jeunesse idéalisée : fragile, magnétique, androgyne.

Dix ans plus tard, à 26 ans, il est devenu père de quatre enfants et incarne une nouvelle génération de mannequins “stables”. En 2025, il défile encore pour Tom Ford et Valentino, tout en gérant un label de musique et une marque de vêtements unisexes.
Il a troqué l’aura adolescente contre un charisme adulte, sans perdre son mystère.

Lecture critique : Smith est le symbole du passage à la maturité des mannequins masculins. Là où la plupart disparaissent, il évolue, prouvant que la beauté peut vieillir sans perdre sa résonance.
Conseil style : blouson cuir court, tee-shirt blanc, pantalon cigarette — simplicité rock, attitude mesurée.

Analyse de fond — Le mannequin comme auteur

Les performeurs ne se contentent pas de défiler : ils créent du sens.
Leur corps devient un outil narratif, leur démarche un message politique ou poétique.

Lucky Blue Smith fait de la maturité une continuité esthétique.

Alton Mason fait de la foi un geste.

Leon Dame fait de la rupture un langage.

Wisdom Kaye fait du digital une porte d’entrée vers le luxe.

III. La haute couture inclusive : quand la différence devient luxe

La haute couture, longtemps synonyme d’uniformité, apprend enfin à parler de pluralité.
Dans les backstages, les visages se diversifient, les corps se réapproprient le podium. En 2025, on ne cherche plus à gommer la singularité : on la célèbre.
Et pourtant, la conquête n’a rien d’évident. Pour chaque mannequin noir, trans, asiatique ou “brawn” (grande taille), il a fallu dix ans de résistance silencieuse.
Les nouveaux ambassadeurs du changement s’appellent Malick Bodian, Fernando Cabral, Chella Man ou Steven G. Ensemble, ils transforment la haute couture masculine en miroir du monde réel.

10. Malick Bodian — le regard qui photographie l’époque

Sénégalais d’origine, formé en Italie, Malick Bodian appartient à cette génération de modèles hybrides : à la fois sujet et auteur.
Découvert par Willy Vanderperre, il s’impose rapidement sur les podiums de Dior Homme, Valentino et Givenchy. En parallèle, il devient photographe, capturant la mode du point de vue de ceux qui la portent.
En 2020, il est le premier mannequin noir à ouvrir un défilé Givenchy Couture.

En 2025, Bodian multiplie les projets entre Paris et Dakar, où il développe une plateforme dédiée à la jeune création africaine. Il incarne une mode consciente, où l’image n’est pas un outil de domination mais un moyen d’émancipation.

“Je ne veux pas seulement être vu, je veux voir à mon tour.”

Lecture critique : Malick Bodian fait voler en éclats la hiérarchie du regard. Il passe du rôle de modèle à celui d’auteur. Sa double pratique redonne du sens au mot “représentation”.
Conseil style : misez sur des coupes longues et épurées — manteau droit, pantalon fluide — pour amplifier la verticalité et la présence scénique.

11. Fernando Cabral — la noblesse du naturel

Né au Portugal, originaire de Guinée-Bissau, Fernando Cabral impose un charisme discret mais magnétique.
Depuis dix ans, il est présent sur tous les podiums : Tom Ford, Valentino, Berluti, J.Crew, Dior. Il ne joue pas la séduction : il habite le vêtement avec une dignité rare.
En 2025, il collabore à une collection capsule pour Berluti autour du thème “heritage et lumière”.

Cabral est aussi un ambassadeur de la durabilité dans la mode, prônant des pratiques de production plus responsables.
Son frère, Armando Cabral, est devenu designer — preuve que la mode africaine et européenne se rencontrent enfin dans un dialogue égal.

Lecture critique : Cabral incarne la beauté tranquille, celle qui ne cherche pas à s’imposer. Dans une industrie souvent excessive, il prouve que le charisme peut être silencieux.
Conseil style : privilégiez les tons terre, les chemises oversize en lin, et les accessoires en cuir naturel — l’élégance sans effort.

12. Chella Man — la révolution par le corps

Artiste, activiste, mannequin et écrivain, Chella Man défie toutes les cases.
Transmasculin, sourd, et fier de l’être, il devient en 2024 le premier visage trans de YSL Beauty dans sa campagne Nu Collective.
Il redéfinit la masculinité, non pas par la performance, mais par la vulnérabilité.
À travers son corps, Chella Man exprime la possibilité d’être multiple, sans se justifier.

Son influence dépasse la mode : ses conférences, ses vidéos et ses œuvres visuelles participent à un mouvement culturel plus large, où la beauté s’affranchit de la norme biologique.

Lecture critique : Chella Man ne représente pas un “progrès marketing”. Il représente la beauté en tant que vérité incarnée. La mode devient, à travers lui, un espace de libération.
Conseil style : combinez vêtements doux (flanelle, soie lavée) et accessoires affirmés — le contraste force le regard à repenser les genres.

13. Steven G — la puissance du corps pluriel

Pendant longtemps, les podiums ont exclu les corps massifs.
Puis est venu Steven G, mannequin américain “brawn” (grande taille) révélé par les défilés inclusifs de Savage X Fenty.
Aujourd’hui, il collabore avec Jacquemus et Alexander McQueen sur des collections expérimentales intégrant toutes les morphologies.

Steven G incarne la visibilité nouvelle des corps masculins hors norme. En 2025, il apparaît dans GQ USA avec un éditorial baptisé “Luxe XL”, qui a marqué un tournant dans la représentation du corps masculin.

Lecture critique : Il ne s’agit plus seulement de diversité : il s’agit de justice corporelle. Steven G replace la beauté là où elle avait été expulsée.
Conseil style : privilégier les vêtements structurés à la taille, les vestes croisées et les tissus souples — le vêtement doit accompagner la présence, pas la contraindre.

Analyse de fond — la beauté politique

La mode masculine inclusive est encore jeune, mais elle a déjà redéfini les contours du luxe.
Ce n’est plus le prix du vêtement qui fait la valeur, c’est le poids symbolique du corps qui le porte.

Ces mannequins ne représentent pas des exceptions : ils incarnent le futur.

• Malick Bodian : la beauté intellectuelle et photographique.
• Fernando Cabral : l’élégance naturelle et durable.
• Chella Man : la liberté du genre.
• Steven G : la réhabilitation des corps réels.

Ensemble, ils rappellent que la haute couture masculine ne se résume plus à l’élite, mais s’élève au niveau du vivant.

IV. L’avant-garde asiatique et globalisée : la précision et la poésie

Pendant des décennies, la mode occidentale a considéré l’Asie comme un marché.
En 2025, elle en découvre le génie créatif.
Les mannequins venus de Séoul, Shanghai, Pékin ou Tokyo ne se contentent plus d’illustrer un vêtement : ils transforment la narration visuelle.
Ils incarnent une esthétique hybride, à la fois millimétrée et émotionnelle, où la maîtrise technique rejoint la grâce.
La haute couture masculine s’en trouve réinventée, plus sensorielle, plus lente, plus exacte.

14. Xu Meen — le souffle androgyne de la haute couture

Tout chez lui semble étudié : la démarche, la respiration, la tension du regard.
Révélé par Balmain et Dries Van Noten, Xu Meen, mannequin sino-coréen, a bouleversé la perception du masculin. Avec ses traits délicats, son port de tête hiératique et son aisance dans des silhouettes genderless, il incarne une nouvelle neutralité esthétique.

En 2025, il est le visage de la campagne Future Form de Berluti, une ode à l’androgynie et à la précision.
Les directeurs artistiques l’apprécient pour sa capacité à rendre le vêtement “vivant” sans artifice.

“Je ne joue pas un rôle. Je respire la structure.”

Lecture critique : Xu Meen démontre que la frontière entre mode et méditation peut s’effacer. Il apporte à la couture masculine un silence, une lenteur, une suspension rare.
Conseil style : privilégier les silhouettes droites, les cols montants et les matières techniques mates — une élégance futuriste sans excès.

15. Godfrey Gao — l’héritage immortel

Il fut le premier mannequin asiatique à incarner Louis Vuitton, bien avant que la mode ne parle de diversité.
Godfrey Gao, disparu tragiquement en 2019, reste en 2025 une figure tutélaire.
Son image continue d’inspirer les jeunes générations, au point que Louis Vuitton lui a rendu hommage à travers une exposition itinérante intitulée Faces of Change.

Son charisme tranquille, son élégance de gentleman et son regard doux ont ouvert la voie à une nouvelle génération d’hommes asiatiques dans la mode mondiale.
Gao demeure, posthume, une preuve que la beauté peut devenir mémoire.

Lecture critique : Godfrey Gao n’était pas seulement un mannequin : il était un symbole de passage. Par lui, le luxe a cessé d’être un monopole occidental.
Conseil style : tailleur moderne, chemise fluide, montre fine — le chic international au service du calme.

16. Hu Bing — le pionnier du style sino-européen

Avant que les grandes maisons ne s’intéressent à l’Asie, Hu Bing avait déjà ouvert la voie.
Premier mannequin chinois à s’imposer sur les podiums européens dans les années 1990, il a posé pour Valentino, Dolce & Gabbana, Louis Vuitton, puis entamé une carrière d’acteur et de producteur.

Aujourd’hui, il est considéré comme une figure patrimoniale de la mode asiatique.
À 54 ans, il défile encore ponctuellement pour des marques comme Prada ou Ferragamo, symbole d’une élégance mûre et d’un métissage culturel assumé.

Lecture critique : Hu Bing prouve que la maturité peut être glamour. Il incarne la continuité entre classicisme européen et modernité asiatique, sans hiérarchie.
Conseil style : jouer sur la lumière — tissus satinés, vestes à col officier, palette sobre (ardoise, bronze, ivoire).

17. Taemin Lee — la fusion pop et couture

Ancien chanteur du groupe K-pop SHINee, Taemin Lee est devenu, en cinq ans, un visage récurrent des défilés Gucci, Saint Laurent et Givenchy.
Son style, oscillant entre sensualité androgyne et rigueur chorégraphique, fascine les directeurs artistiques.
En 2025, il prête son image à une capsule Gucci inspirée des idols coréens et signe un clip expérimental pour Mugler, où mode et performance se confondent.

Taemin incarne une génération d’artistes asiatiques multidimensionnels, capables de passer du micro au podium, du concert au défilé, sans perdre leur authenticité.

Lecture critique : Taemin est le chaînon manquant entre la pop culture et la haute couture. Il incarne l’ère où le mannequin n’est plus un support, mais un émetteur culturel global.
Conseil style : chemises en mousseline, bijoux fins, pantalons à plis fluides — le glamour éthéré, version Séoul.

Analyse de fond — l’Asie au centre de la couture mondiale

L’Asie n’est plus un “ailleurs” de la mode.
Elle est son moteur créatif et financier : 45 % des ventes de luxe masculin en 2024 proviennent d’Asie, et plus de 60 % des nouveaux visages des Fashion Weeks y sont issus.

Mais au-delà des chiffres, c’est une esthétique qui s’impose :

• La lenteur et la précision (Xu Meen)
• La mémoire et la gratitude (Godfrey Gao)
• La maîtrise et la maturité (Hu Bing)
• La fusion et la performance (Taemin Lee)

Leur langage est subtil : il parle d’équilibre, de grâce et de transculturalité.
La haute couture masculine, à travers eux, devient une conversation planétaire — où le geste asiatique écrit le futur de l’élégance.

V. Les créateurs d’image hybride : quand l’influence devient couture

Le luxe n’a plus peur du like.
Depuis 2020, la frontière entre mannequin, influenceur et célébrité s’est évaporée. Les marques ont compris que le pouvoir ne se mesure plus en centimètres de jambes, mais en mètres de pixels.
Les nouveaux visages du luxe ne sortent pas tous d’agences : certains viennent de TikTok, d’Instagram ou de la scène musicale.
Mais tous partagent une même force : celle de savoir incarner une esthétique et raconter une histoire dans un monde saturé d’images.

18. Jordan Barrett — le rebelle devenu institution

Il fut présenté comme le “bad boy” de la mode.
L’Australien Jordan Barrett, avec sa chevelure blonde ébouriffée et son regard trouble, a d’abord séduit par sa désinvolture. Repéré par Mario Testino à 15 ans, il devient rapidement le visage de Versace, Balmain, Tom Ford et Moschino.

Mais derrière l’aura sulfureuse, Barrett a construit une stratégie : transformer son image en plateforme de narration.
En 2025, il collabore avec Saint Laurent sur un projet vidéo autour du thème de la jeunesse déchue et vient de lancer un label d’art conceptuel à Los Angeles.

“Je ne veux pas être parfait. Je veux être vivant.”

Lecture critique : Jordan Barrett représente la collision entre mode et culture rock. Son influence dépasse la mode : il incarne la fragilité glamour, ce mélange de beauté et de chaos qui fascine les maisons de luxe.
Conseil style : blazer usé, tee-shirt blanc, pantalon noir, regard fatigué — le désordre étudié du luxe rebelle.

19. Cameron Dallas — l’ère du social casting

Quand Dolce & Gabbana l’invite à défiler en 2017, Cameron Dallas ne vient pas d’une agence : il vient d’Internet.
Star de Vine, puis d’Instagram, il est choisi pour représenter la nouvelle génération d’“influence models”.
Ce choix, à l’époque controversé, s’est avéré visionnaire : il a ouvert la voie à une génération de mannequins connectés, capables de générer de la désirabilité à travers leurs communautés.

En 2025, Cameron Dallas a quitté les projecteurs pour lancer une agence hybride mêlant création de contenu et casting digital. Il continue de collaborer avec Dolce & Gabbana et Burberry, prouvant que l’influence, bien gérée, devient patrimoine.

Lecture critique : Dallas est la preuve que la légitimité ne vient plus du podium, mais du récit personnel. Il a transformé le mannequinat en média narratif.
Conseil style : mélangez costume formel et pièces street — sneakers blanches avec blazer noir, bijou argenté sur tee-shirt uni.

20. Marlon Teixeira — le surf devenu couture

Au Brésil, il a commencé sur une plage de Santa Catarina avant de devenir l’un des visages les plus demandés de Dior Homme, Diesel, Armani et D&G.
Marlon Teixeira incarne cette sensualité nonchalante, solaire, et pourtant calibrée pour les grandes campagnes.
Son style naturel et sa présence magnétique en font un modèle pour toute une génération de mannequins latino-américains.

En 2025, il est l’un des rares à conjuguer shooting couture et vie de surfeur. Son compte Instagram, alternant entre vagues et vestes en soie, est suivi par plus d’un million de fans.

Lecture critique : Teixeira symbolise l’équilibre entre la nature et le luxe, le corps libre et la coupe maîtrisée. Il rend à la mode masculine une dimension hédoniste oubliée.
Conseil style : privilégiez le lin, les chemises ouvertes, les parfums marins, et les matières qui bougent avec le vent.

21. Evandro Soldati — la constance brésilienne

Moins flamboyant que Teixeira, mais tout aussi constant, Evandro Soldati reste l’un des visages historiques d’Armani et de Dolce & Gabbana.
Il incarne cette rigueur discrète qui séduit les marques italiennes : posture droite, regard calme, élégance sans effort.
Depuis 2024, il photographie lui-même les coulisses des défilés qu’il parcourt, proposant une vision documentaire de la mode.

Lecture critique : Soldati est l’antithèse de l’influence ostentatoire. Il illustre la valeur du silence et du professionnalisme. À l’heure des égéries numériques, il rappelle que la durabilité d’une image repose sur le sérieux, pas sur le buzz.
Conseil style : costumes cintrés, tissus nobles, tons pierre et marine — l’épure méditerranéenne.

Analyse de fond — L’image comme capital

Ces mannequins hybrides ont réinventé le rapport entre visibilité et crédibilité.
Ils ne sont pas de simples supports publicitaires : ils sont leur propre média.

• Jordan Barrett : la sensualité rock contrôlée.
• Cameron Dallas : la digitalisation du charisme.
• Marlon Teixeira : le naturel sublimé.
• Evandro Soldati : la constance discrète.

Leur présence prouve que la mode masculine 2025 est un écosystème global, où chaque post, chaque story, chaque image devient un acte de branding.
L’élégance ne s’impose plus — elle se publie.

VI. Les Français et le chic parisien : l’élégance comme langage

À Paris, la mode n’a jamais été seulement un vêtement : c’est une manière d’exister.
Chaque rue, chaque café, chaque geste semble participer d’un rituel invisible où l’élégance est un devoir, pas une option.
Les mannequins français qui dominent encore la scène internationale ne dérogent pas à cette règle : ils ne “portent” pas la mode, ils l’incarnent.
Leur style est une langue à part entière — précise, discrète, poétique.
En 2025, deux noms résument cette école du chic : Clément Chabernaud, l’architecte du minimalisme, et Baptiste Giabiconi, l’héritier sentimental de Karl Lagerfeld.

22. Clément Chabernaud — la ligne claire du masculin français

Depuis ses débuts chez Dior Homme sous Hedi Slimane, Clément Chabernaud incarne la rigueur élégante du tailoring français.
Son visage anguleux, son port de tête noble, son absence totale d’esbroufe en ont fait l’un des mannequins les plus respectés du milieu.
De Hermès à Jil Sander, de Lanvin à A.P.C., il a traversé les décennies sans jamais céder à la tentation du spectacle.

En 2025, il reste un pilier des campagnes Dior et Hermès, apparaissant aussi dans les shootings “quiet luxury” de Vogue Hommes.
Son style ? Une architecture vestimentaire pure : couleurs neutres, volumes millimétrés, précision du geste.

“Le vrai luxe, c’est quand tout semble naturel, mais rien ne l’est.”

Lecture critique : Chabernaud incarne la continuité du raffinement français. Dans un monde saturé d’effets, il est la respiration. Il rappelle que la séduction masculine passe par la retenue, la justesse et la coupe.
Conseil style : adoptez des silhouettes droites, des matières nobles (gabardine, cachemire, laine froide) et des teintes harmonieuses. L’élégance française se lit dans le silence.

23. Baptiste Giabiconi — la mémoire vivante de Chanel

L’histoire de Baptiste Giabiconi est indissociable de celle de Karl Lagerfeld.
Découvert par le couturier en 2008, il devient en quelques années le visage masculin de Chanel, Fendi et du label Karl Lagerfeld.
Sa beauté méditerranéenne, sa discipline et sa loyauté en font le protégé et la muse du créateur allemand.

Après le décès de Lagerfeld en 2019, Giabiconi s’est progressivement effacé du devant de la scène, avant de revenir en 2025 avec un projet à la fois artistique et mémoriel : une capsule photographique intitulée Karl et moi, exposée à la Fondation Chanel.
Ce retour n’a rien de nostalgique : il célèbre la transmission, l’héritage, la continuité du geste.

Lecture critique : Baptiste Giabiconi est la figure du lien entre l’ancien et le nouveau monde de la mode. Il rappelle que la haute couture masculine n’existe pas sans émotion, sans filiation, sans mémoire.
Conseil style : tweed fin, boots vernies, noir et blanc contrastés — la grammaire Lagerfeld revisitée pour l’ère moderne.

Analyse de fond — la leçon française

Le style français ne se revendique pas : il se pratique.
Les mannequins comme Chabernaud et Giabiconi ne cherchent pas à imposer une image : ils suggèrent une attitude.
Leur pouvoir tient à une chose rare : la discrétion maîtrisée.

• Chabernaud : la rigueur intellectuelle.
• Giabiconi : la sensibilité patrimoniale.

Ensemble, ils maintiennent la France au cœur symbolique de la mode masculine mondiale.
Non pas par domination, mais par cohérence esthétique.

Leur élégance n’est pas un spectacle — c’est une conversation silencieuse entre le corps et le vêtement.

Conclusion — Le nouvel âge des hommes de couture

La haute couture masculine de 2025 n’est plus un décor, c’est un manifeste.
Les mannequins ne sont plus de simples messagers du luxe : ils en sont devenus les auteurs vivants.
Ils écrivent, à travers leur posture, leurs choix et leur corps, une nouvelle syntaxe du masculin — faite d’équilibre, d’émotion et de pluralité.

Des icônes intemporelles comme David Gandy ou Tyson Beckford aux performers comme Alton Mason, des voix inclusives comme Chella Man aux élégants silencieux comme Clément Chabernaud, tous participent à la même conversation :
celle d’un monde où la beauté ne s’impose plus, elle s’exprime.

La mode masculine n’est pas un miroir : elle est un langage en mouvement.
Et ces hommes, chacun à leur manière, en sont la grammaire.

Guide pratique — Lire et adopter les codes de la haute couture masculine

1. Observer le geste avant le vêtement

Un mannequin ne se juge pas à sa tenue, mais à sa manière de la faire exister.
Le mouvement d’Alton Mason, le calme de Chabernaud, la lenteur méditative de Xu Meen sont des leçons de style à eux seuls.

2. Laisser parler les textures

En 2025, les tissus racontent une histoire :

• La laine froide (Hermès, Dior) pour la maîtrise.
• Le lin lavé (Berluti, Jacquemus) pour la légèreté.
• Le tweed et le cachemire (Chanel, Lagerfeld) pour la mémoire.

3. Penser la silhouette comme une narration

• Structurée : Gandy, Vanderloo, Chabernaud.
• Fluide et dansante : Mason, Dame, Kaye.
• Engagée et inclusive : Bodian, Chella Man, Steven G.

4. Construire son image personnelle

La mode masculine 2025 repose sur la cohérence :
Un style assumé, un rythme constant, une signature identifiable.
Le secret n’est plus d’être parfait, mais lisible.

FAQ — Tout savoir sur la haute couture masculine 2025

1. Quelle est la différence entre mannequin de luxe et mannequin haute couture ?
→ Le mannequin haute couture incarne un vêtement d’artisanat extrême, souvent sur mesure, destiné à un défilé ou une image d’exception. Le mannequin de luxe travaille sur les lignes commerciales dérivées.

2. Pourquoi parle-t-on de “mannequins-auteurs” ?
→ Parce qu’ils racontent désormais une histoire personnelle à travers leur présence scénique. Ils signent une vision, pas seulement une allure.

3. Les mannequins masculins sont-ils enfin payés à la hauteur des femmes ?
→ Non. En moyenne, ils gagnent encore 40 à 60 % de moins que leurs homologues féminines. Mais leur influence digitale compense souvent cet écart par d’autres revenus.

4. Quelle marque domine le podium masculin 2025 ?
→ Louis Vuitton, Dior Homme, Balmain et Gucci, grâce à leurs univers créatifs forts et inclusifs.

5. Quels pays produisent les nouveaux talents ?
→ Corée du Sud, Nigeria, Brésil et France : les pôles les plus actifs en casting international.

6. Comment un mannequin devient-il une icône ?
→ Par cohérence : une identité reconnaissable, des valeurs claires, et une relation forte avec les maisons.

7. Les mannequins de grande taille ont-ils une place réelle ?
→ Encore limitée, mais en croissance. Steven G et James Corbin ouvrent la voie vers une haute couture plus représentative.

8. Quelles tendances pour 2026 ?
→ Hybridation digitale, avatars IA, durabilité textile, et retour à la lenteur. Le futur sera couture, mais conscient.

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